EXCLUSIF – L’Elysée va rétablir le budget initial des universités, amputé de 70 millions d’euros le mois dernier par les députés, à l’initiative de Bercy. L’annonce est attendue vendredi, lors d’un dîner des présidents d’université à l’Elysée.
Soulagement en vue du côté des universités. Selon des sources concordantes, François Hollande va annoncer l’annulation des coupes budgétaires aux universités. Un amendement du gouvernement adopté en première lecture du projet de loi de Finances 2015, le mois dernier, faisait hurler depuis plusieurs semaines le monde universitaire. Les députés avaient en effet voté une réduction du budget de 70 millions d’euros. C’était, selon le principal syndicat étudiant, l’Unef, « l’élément déclencheur » de la grève qui se déroule ce jeudi dans plusieurs villes universitaires de France , à l’initiative de nombreuses organisations syndicales et collectifs de chercheurs. L’annonce de François Hollande est attendue vendredi soir, lors d’un dîner à l’Elysée des présidents d’universités.
« On a tous perdu un temps fou »
« On a très bon espoir que les crédits soient rétablis », affirme-t-on dans l’entourage de la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et la Recherche, Geneviève Fioraso. Le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est, dans cette affaire, monté au créneau contre Bercy. Tout comme sur la fin de l’exercice budgétaire 2014, où Bercy avait, il y a plusieurs semaines, tenté de raboter de 400 millions d’euros les subventions aux universités. Le suspense avait alors duré un mois, avant que François Hollande n’arbitre en faveur des universités. C’est donc une nouvelle fois l’Elysée qui monte au créneau pour rappeler la priorité à la jeunesse et à l’éducation. Dans le monde universitaire, nombreux étaient d’ailleurs ceux qui indiquaient que la promesse présidentielle n’en était plus une, avec cette coupe budgétaire de 70 millions d’euros. « La priorité à la jeunesse ne doit pas être censurée par ceux qui font les comptes budgétaires », affirmait le président de l’université de Strasbourg, Alain Béretz, dans une interview Interrogé sur la perspective de cette annonce de l’Elysée, le président de la Conférence des présidents d’université (CPU) Jean-Loup Salzmann évoque son « soulagement », mais ajoute : « On a tous perdu un temps fou dans cette affaire et c’est vraiment dommage. Nous demandons au ministère du Budget de revoir ses méthodes. » Le 3 décembre, au Sénat, le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, avait indiqué aux parlementaires que tous les secteurs devaient faire des efforts et qu’il faudrait qu’il s’y habituent. Ce qui avait été perçu par certains comme une relégation des universités à un secteur ordinaire. « On fait des économies sur les universités comme on en ferait sur les routes ou sur le chauffage », commentait mercredi Alain Béretz, alors que « les universités sont un pari sur l’avenir ».
Dans l’attente du rapport d’une mission d’inspection
Ces dernières vont donc retrouver leur budget initial, déjà très contraint pour assumer toutes leurs missions. La question reste toutefois ouverte de l’avenir des fonds de roulement de celles qui sont les mieux dotées. Une mission d’inspection doit « identifier les universités susceptibles d’être mises à contribution », avait déclaré la ministre de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, mi-novembre. « Ce serait une très mauvaise idée, confie Jean-Loup Salzmann. Cela signifierait que tous ceux qui font des provisions, investissent pour l’avenir, mettent de l’argent de côté et donc sont bons gestionnaires seraient punis pour avoir fait tout ce que le ministère nous demande de faire. »
Au secrétariat d’Etat à l’Enseignement supérieur et la Recherche, on ne se prononce pas sur ce sujet, tant que le rapport de la mission des inspecteurs généraux, prévu en début d’année, n’est pas connu. « On attend beaucoup de ce rapport, indique Jean-Loup Salzmann. Il faut tordre le cou à cette idée selon laquelle il y aurait des millions d’euros qui dorment dans les comptes des universités. Et peut-être aussi que cette mission pourrait donner quelques idées de changement de réglementation pour que les universités puissent mieux mobiliser ces fonds de roulement. »