Ce dimanche, au congrès du Parti de gauche à Villejuif (Val-de-Marne), en plein référendum grec, le président du mouvement n’a pas caché son objectif : la campagne présidentielle.
Au programme du congrès du PG, trois jours de débats pour discuter et voter des orientations du parti dans la perspective des régionales et de la présidentielle 2017. Actualité oblige. Ce sont les questions de l’Europe et de l’euro qui ont dominé les débats. La Grèce est dans toutes les têtes. Dimanche matin, avant le discours de clôture de Jean-Luc Mélenchon, Jorge Lago, responsable de la section internationale de Podemos et Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire tunisien, sont montés sur l’estrade pour donner des nouvelles de la «lutte» au pays. Entre chaque parole forte, les 550 délégués réunis dans la salle des congrès, se lèvent, le poing en l’air. Le mot résistance tourne en boucle entre les deux rives de la Méditerranée. Quelques drapeaux grecs flottent dans la salle.
Pierre Laurent, le patron du PCF, était, lui aussi, dans les parages. Il a serré quelques pognes avant de s’éclipser. Il n’a pas assisté au discours de Jean-Luc Mélenchon. Les relations entre les communistes et le PG ne sont pas au top. Pierre Laurent vient de faire un virage à 180 degrés, se déclarant candidat pour mener une liste en Ile-de-France après avoir expliqué le contraire quelques semaines plus tôt. Le Front de gauche tangue.
«Guerre contre les peuples»
Il est midi. Jean-Luc Mélenchon déboule. Quelques heures avant le résultat du référendum en Grèce, il passe par Athènes. Très offensif, le député européen dénonce une «Union européenne capable de poser des actes de guerre contre les peuples qui résistent aux traités budgétaires. Ce qui est fait contre la Grèce est un coup d’Etat financier». La troïka, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, la chancelière Angela Merkel, François Hollande : le cofondateur du PG tape sur tout le monde. Selon lui, il n’y a pas de doute, la crise en Grèce «a été provoquée de façon délibérée par l’Eurogroupe et par le gouvernement CDU-CSU de Mme Merkel avec la complicité stupide du président de notre pays». Il demande à François Hollande d’empêcher l’exclusion de la Grèce de l’UE et de la zone euro. Avant de monter au front : «Nous voulons une monnaie au service des êtres humains et pas l’inverse. Si l’Europe n’en veut pas, nous nous passerons de votre monnaie.»
Au fil des minutes, Jean-Luc Mélenchon laisse la Grèce et l’Europe de côté. A gauche, ses alliés discutent régionales avant de penser présidentielle. Lui, il pose les deux pieds en 2017 sans se retourner. «On voudrait que, comme les autres, je fasse l’effarouché quand on me parle de 2017 ? Ou que j’attende qu’on me supplie ? On me dit qu’il faut un projet. Un projet, j’en ai un depuis 2012. Il s’appelle “L’humain d’abord”. Il est toujours valable», annonce-t-il. Puis, il explique qu’il ne faut pas tourner «autour du pot» : «La présidentielle sera le moment de renverser la table. Parce que la Constitution de la Ve République est ainsi faite que par un seul vote, on prend tous les pouvoirs.» Le doute s’échappe. Jean-Luc Mélenchon annonce à sa manière qu’il sera candidat à la présidentielle en 2017. Les délégués du Parti de gauche l’acclament.
Il est treize heures. La conclusion est proche. Jean-Luc Mélenchon fait un détour par le cinéma : «Je suis heureux que le prix du festival de Cannes soit allé à Vincent Lindon qui a joué dans le film, la Loi du marché.» Puis il revient sur ses pas. C’est son dernier discours de clôture lors d’un congrès du PG. Dans deux ans, il ne sait pas où il sera : «Soit on m’aura donné une autre tâche, soit je serai président de la République.» La fin ne change pas. La sono se met en marche : l’internationale précède la Marseillaise.