Le premier secrétaire du Parti socialiste estime que le chef de l’État est le mieux placé pour mener campagne pour la présidentielle. Il minimise par ailleurs la portée de la tribune au vitriol de Martine Aubry et son souhait de quitter la direction du PS.
S’il se dit pour le principe d’une primaire à gauche en vue de l’élection de 2017, Jean-Christophe Cambadélis a déjà choisi son candidat. Invité de BFMTV ce dimanche 28 février, il a réaffirmé son soutien à François Hollande. “Moi je pense que, dans la période, la candidature aux primaires et à la présidentielle ne s’improvise pas. Nous sommes en guerre, nous avons le terrorisme (…
nous avons une situation économique détestable”, a-t-il déclaré. “Donc, je pense que le seul qui peut aujourd’hui prétendre mener la bataille pour l’emporter, c’est François Hollande”, qui est “un bon président”, a défendu le député de Paris.
Interrogé sur la primaire, il a répondu : “À partir du moment où Manuel Valls n’ira pas si c’est François Hollande et où Martine Aubry ne veut pas y aller, qui est ce qui reste ?” “J’ai beaucoup de respect pour ceux qui se sont déclarés à cette primaire ou qui vont se déclarer candidats à la primaire, mais moi je ne veux pas d’une candidature de témoignage” en 2017, a-t-il insisté. Le patron du PS affirme être “pour” le principe d’une primaire, qui “peut être un moyen de refaire l’unité de l’ensemble de la gauche”. Mais il “ne veut pas un périmètre qui interdise au PS” et à François Hollande “de se présenter”.
Le PS “aura besoin de Martine Aubry”
Jean-Christophe Cambadélis est également revenu sur la violente charge de Martine Aubry contre l’exécutif.
“Il y a une crise du Parti socialiste, il faut la mesurer et la caractériser”, a-t-il reconnu. “Il y a partout en Europe des débats, il faut replacer ceci dans son contexte. Je crois que c’est une crise de mutation. La grande question qui est posée, c’est comment être socialiste et être de gauche” face aux “crises plurielles”, a-t-il estimé.
Quant à la tribune au vitriol de la maire de Lille, le député de Paris a pris soin de souligner que Martine Aubry était “une amie”, avant d’ajouter que lui “n’envisage pas la vie politique par des anathèmes”. Il a aussi qualifié le texte de Martine Aubry et de ses amis d'”excessif” sur certains points.
“J’ai besoin de tous les socialistes. Martine Aubry est une grande voix des socialistes et nous en aurons besoin dans la campagne présidentielle comme nous aurons besoin de Manuel Valls”, a-t-il ajouté, dans un véritable numéro d’équilibriste. “Mon objectif, c’est de rassembler, d’être clair et unitaire. Je suis un homme d’écoute”.
Jean-Christophe Cambadélis minimise le fait que Martine Aubry veuille quitter la direction du PS. “Je vais discuter avec elle, je vais essayer de faire en sorte que nous nous retrouvions. Si elle n’est pas d’accord, elle restera en dehors de la majorité mais la majorité, elle est stable”, a-t-il martelé.
Le projet de loi El Khomri de réforme du droit du travail “n’est pas encore passé au Conseil des ministres” qu’on “est déjà monté tous au cocotier”, a-t-il encore regretté. “Quand je vois ce que (cette loi) provoque du point de vue de l’ensemble des organisations syndicales” et à gauche, alors que “les programmes des candidats aux primaires de la droite sont 10 fois, 100 fois, 1.000 fois plus libéraux que telle ou telle formule à l’intérieur de cette loi, je me dis que si la droite passait” en 2017, “le pays serait à feu et à sang”, a-t-il estimé.
Jean-Christophe Cambadélis s’est posé en garant de l’unité au PS. “Je suis en charge de l’intérêt général du Parti socialiste et quelque part de l’ensemble de la gauche. Je trace une route équilibrée entre l’action gouvernementale qui me semble nécessaire et qui porte ses fruits”, et ceux qui estiment “qu’un certain nombre de valeurs ont été froissées ou remises en cause dans la dernière période”, a-t-il expliqué. “Moi, je suis un homme de synthèse, d’unité, parce que c’est nécessaire si nous voulons pouvoir peser dans la vie politique française et gagner l’élection présidentielle”. Il souligne que si le PS doit être “uni”, il faut qu’il “se dépasse parce qu'(il) ne le trouve pas trop en phase avec l’époque d’aujourd’hui”.