Les députés ont renforcé vendredi la priorité à l’emploi des jeunes dans le projet de budget 2016, dernier en année pleine du quinquennat, qui vise selon le gouvernement à “faire reculer durablement” le chômage après la baisse observée en septembre.
A l’occasion du débat budgétaire, les députés ont adopté les crédits de la mission “travail et emploi” de 11,3 milliards d’euros, contre 11,4 milliards l’année dernière.
La ministre du Travail Myriam El Khomri a salué un “budget sanctuarisé malgré les efforts d’économie” et “en hausse de 15% depuis 2012″. Après la nette baisse observée en septembre du chômage (-0,7% et -2,6% pour les jeunes), 2016 sera une “année importante pour faire reculer durablement le nombre de demandeurs d’emplois”, a-t-elle estimé.
Plus de 20% du budget reste consacré aux contrats aidés, avec cependant une nette baisse des nouveaux contrats (295.000 contre 345.000 en 2015) en phase avec les prévisions d’amélioration de la conjoncture économique. Le projet de budget prévoit ainsi 200.000 nouveaux contrats non marchands, 60.000 marchands et 35.000 emplois d’avenir.
Les députés ont cependant voté un amendement socialiste renforçant de douze millions d’euros le budget des missions locales, qui agissent pour l’emploi des jeunes de 16 à 25 ans, dans le but principalement d’accompagner les jeunes en emploi d’avenir.
En effet, 40.000 jeunes vont sortir du dispositif en 2016 après trois ans dans son cadre. “Le suivi de ces jeunes est très important car une sortie vers Pôle emploi serait un échec”, a souligné le socialiste Jean-Patrick Gille, président de l’Union nationale des missions locales (UNML).
– Développement de l’apprentissage –
Si le nombre de nouveaux contrats aidés diminue, les crédits pour l’insertion des jeunes sont en hausse de 78 millions d’euros avec notamment la montée en puissance du nouveau dispositif Garantie jeunes. Celui-ci offrira en 2016 à 60.000 jeunes de 18-25 ans sans emploi ni formation un accompagnement renforcé vers l’emploi avec des périodes en entreprise et une allocation mensuelle de 450 euros. Ce dispositif d’un an peut être prolongé de 6 mois au cas par cas.
“Nous allons chercher des jeunes qui n’étaient jusque-là dans aucun radar”, selon Mme El Khomri.
Enfin, 1,5 milliard d’euros sont dédiés au développement de l’apprentissage, avec la nouvelle aide accordée aux TPE (très petites entreprises) recrutant un apprenti mineur. 220 millions d’euros seront consacrés à cette action pour 70.000 entrées en apprentissage.
La droite a voté contre les crédits de la mission. “L’Etat concentre son effort budgétaire sur les emplois aidés qui ne peuvent constituer l’axe principal d’une politique de l’emploi”, a déploré l’UDI Francis Vercamer, pour qui “les emplois d’avenir doivent encore démontrer leur capacité à assurer un retour durable de leurs bénéficiaires sur le marché du travail”.
De son côté, Véronique Louwagie (LR) a dénoncé “le manque d’une réelle culture d’entreprise au sein du gouvernement”.
Tout en prenant acte “des efforts réalisés dans l’apprentissage ou sur l’insertion des jeunes”, la Front de gauche Jacqueline Fraysse s’est abstenue, jugeant “qu’à l’inverse de la Défense, cette mission n’apparaît pas comme la priorité du gouvernement”.
Les radicaux de gauche, par la voix de leur président Roger-Gérard Schwartzenberg, ont voté pour, saluant “les positions de la ministre sur le droit du travail et sa volonté de combattre le chômage”.