Cocaïne dérobée: l’un des principaux prévenus fait porter le chapeau de ce vol au policier Jonathan Guyot, qui nie en bloc
Pour la première fois mercredi, l’un des principaux prévenus au procès de la cocaïne dérobée au Quai des Orfèvres, Farid Kharraki, a fait porter le chapeau de ce vol au policier Jonathan Guyot, qui nie en bloc.
Guyot est jugé depuis mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir dérobé 52 kilos de cocaïne à l’été 2014 au mythique 36, quai des Orfèvres, au coeur de la capitale.
Alors que le tribunal entend Jonathan Guyot sur son emploi du temps, Farid Kharraki, 35 ans, tient à prendre la parole.
Les cheveux plaqués en arrière, celui qu’on surnomme “Robert” assure ne pas être un informateur de la police: “Je suis le tonton de personne.”
“J’avais ciblé une équipe qui m’avait escroqué, mais l’affaire n’a jamais abouti”, poursuit-il, sans livrer beaucoup plus de détails à cet égard.
Dans un débit rapide, il lance: “Moi, je vais dire la vérité, moi je veux être interrogé”, “ma tête va exploser”.
“On met ma vie en danger. Moi, je peux plus entendre tout ça”, dit-il, “ça met ma vie en danger, et la vie de mes frères et soeurs”.
“La cocaïne a été sortie par Jonathan Guyot”, lâche-t-il, expliquant avoir mis le policier en relation avec des trafiquants, et avoir touché “un peu d’argent” pour ce rôle d'”intermédiaire”.
Jusqu’alors, il ne reconnaissait son implication que dans une affaire de cannabis, mais pas pour l’essentiel du dossier, la cocaïne qu’il est accusé d’avoir écoulée. En incriminant Guyot, il s’incrimine lui aussi.
Il répète qu’il n’est “pas un informateur”, pas un “tonton”.
- Argent découvert pendant l’enquête -
L’impact de ses déclarations, inédites, a semblé ne pas avoir été perçu immédiatement au procès. Puis, le parquet soulignant le caractère “déterminant” de ce qui venait d’être dit, le président a suspendu l’audience un quart d’heure, avant d’annoncer à la reprise qu’une “réorganisation des débats” lui apparaissait nécessaire. Le procès reprendra ainsi jeudi.
D’ici là, les conseils de Kharraki et Guyot veulent pouvoir avoir un entretien confidentiel avec leurs clients respectifs.
En début d’audience mercredi, le tribunal a aussi entendu la policière qui faisait le “planton” au sas d’entrée du Quai des Orfèvres dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014. C’est à cette date que Jonathan Guyot et accusé d’avoir soustrait, si ce n’est la totalité, au moins une bonne partie de la cocaïne qui a disparu du local des scellés de la police. Elle reste aujourd’hui introuvable.
Pressée de questions par l’avocat du policier, la gardienne de la paix a confirmé que “c’est bien Jonathan Guyot” qu’elle a vu sortir ce soir-là, portant des sacs chargés de blocs blancs emballés dans du plastique.
Interrogé sur les importantes sommes d’argent découvertes pendant l’enquête, notamment 16.000 euros dans son sac à dos, Jonathan Guyot a affirmé qu’il avait “accepté” de garder cet argent “pour un informateur”.
Il n’en dira pas plus, “je n’ai pas envie d’avoir des représailles derrière, je suis désolé”.
Quid de ses versions successives pour justifier la découverte de cet argent? “Je pensais pouvoir aussi sauver ma place”, “je voulais le justifier d’une manière qui n’était pas très maline”.
Dans cette affaire, certains de ses proches – son épouse, deux amis d’enfance notamment – se retrouvent devant le tribunal. “A cause de moi”, a-t-il lâché, “c’est peut-être pour moi la partie la plus délicate de ce procès”.