Les agriculteurs, mobilisés depuis mercredi, exigeaient ce jeudi 28 janvier des mesures pour faire face à la crise que traversent leurs exploitations.
Au lendemain d’un “mercredi noir”, de nouvelles manifestations d’agriculteurs et barrages ont eu lieu ce jeudi en Bretagne, en Normandie et dans les Pays de la Loire. une douzaine de barrages d’agriculteurs étaient recensés par le Centre régional d’information et de coordination routière (CRICR), sur les axes Rennes-Brest, Rennes-Caen, Nantes-Lorient, Le Mans-Lorient, sur une départementale entre Carhaix et Lorient, en Centre-Bretagne, ainsi qu’à Lannion (Côtes d’Armor) et Laval.
Face aux cours très bas qui assèchent leurs trésoreries et menacent dans certains cas leurs exploitations, les éleveurs réclament des mesures structurelles, comme l’étiquetage de la provenance de la viande, notamment pour les produits transformés, et l’arrêt des distorsions de concurrence à l’échelle européenne.
Ils jugent insuffisant et pas suffisamment structurel le plan de soutien à l’élevage bovin, porcin et laitier instauré cet été et l’annonce par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll mardi d’une rallonge budgétaire de 125 millions d’euros aux 700 millions déjà accordés dans le cadre de ce plan. “Il manque au moins 400 millions sur le plan d’urgence”, a affirmé Pascal Ferrey, le président de la FRSEA de Basse-Normandie, réclamant que le ministre “aille avec beaucoup de conviction à Bruxelles défendre l’étiquetage” de la provenance des viandes utilisées dans les produits transformés.
– Incidents à Quimper –
Les routes concernées par les blocages sont notamment la RN12 (axe Rennes-Brest) à hauteur de Saint-Jouan-de-L’Isle (Côtes d’Armor); la RN165 (axe Nantes-Quimper) à Arzal et Hennebont (Morbihan), la RN24 entre Rennes et Lorient à Ploërmel et Locminé (Morbihan), ainsi qu’à Bréal-sous-Montfort; la RN 157 (axe Rennes-Paris) près de Vitré et l’A 84 (Rennes-Caen) à Saint-Étienne-en-Coglès et Guilberville.
Sur l’un des barrages, à Saint-Étienne-en-Coglès, près de Rennes, une quarantaine d’agriculteurs se sont rassemblés avec une quinzaine de tracteurs, et ont enflammé plusieurs tas de pneus. La veille, en fin de soirée, des incidents sporadiques avaient éclaté à Quimper, dans le Finistère, près de la préfecture après que les manifestants venus à bord de plusieurs dizaines de tracteurs eurent déversé des monceaux de déchets et de pneus et allumé des feux.
En Normandie, à Rouen, une centaine d’agriculteurs ont bloqué jeudi matin la cité administrative qui héberge le centre des impôts de la cité normande, empêchant de nombreux fonctionnaires de se rendre à leur bureau. Venus à bord d’une trentaine de tracteurs ou en voiture, les manifestants, à l’appel de la FDSEA de Seine-Maritime et des Jeunes Agriculteurs (JA), ont déposé du lisier, des pneus et autres matériaux devant chaque grande entrée du groupe d’immeubles de bureaux.
– Boycott de la table ronde –
Signe de la détermination des agriculteurs, la table ronde prévue jeudi à la préfecture de la région Bretagne à Rennes sur “les filières agricoles en difficulté” se fera sans la FRSEA, le syndicat majoritaire, sans l’UGPVB (Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne), sans la chambre régionale d’agriculture et en l’absence du ministre de l’Agriculture.
“Nous avons pris la décision de ne pas aller à la réunion car, aujourd’hui, on veut une stratégie pour nos filières. La mobilisation très forte va continuer, il nous faut des réponses et une visibilité”, a déclaré Thierry Coué, président de la FRSEA bretonne. L’UGPVB n’y participera pas non plus, “faute d’orientations politiques claires du gouvernement concernant les dossiers économiques de fond touchant la compétitivité de la filière porcine”, tout comme la Chambre d’agriculture de Bretagne, a indiqué son président, Jacques Jaouen.