Mobilisation régionale en Amérique latine, premiers cas en Europe, appel à des actions urgentes du président américain Barack Obama: l’inquiétude grandit face au virus Zika, bénin en apparence mais soupçonné de provoquer une grave malformation congénitale.
La ministre de la Santé Marisol Touraine a “fortement” recommandé ce jeudi 28 janvier aux femmes enceintes de différer d’éventuels voyages en Martinique ou en Guyane où l’épidémie de Zika se répand, notamment les îles de Guadeloupe, Martinique et Saint-Martin, dans les Caraïbes, ainsi que sur le littoral de la Guyane.
“Cette épidémie est une épidémie sérieuse”, qui “peut être très grave avec des effets neurologiques et pour les femmes enceintes des complications, des malformations pour leur bébé”, a déclaré la ministre sur France Info. “Je veux donc dire très fortement aux femmes qui sont en métropole et qui ont prévu d’aller en Martinique, en Guyane ou dans les territoires d’outre-mer, que, si elles sont enceintes, je leur recommande de différer leur voyage parce qu’il y a un enjeu de santé publique”, a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs annoncé l’envoi “dans quelques jours” de renforts sanitaires en Martinique pour évaluer les besoins des hôpitaux et des médecins. Aucun cas n’a été signalé en France métropolitaine.
– L’épidémie “se propage de manière explosive” en Amérique –
Il n’y a ni traitement préventif, ni vaccin, mais la maladie ne provoque généralement que des symptômes grippaux bénins, voire passe inaperçue dans la majorité des cas. Elle est rarement mortelle. Le danger est pour les femmes enceintes : le virus peut être transmis au fœtus et est soupçonné d’entraîner des malformations congénitales graves, telles que la microcéphalie (taille réduite de la boîte crânienne, néfaste au développement intellectuel), voire la mort.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Zika, déjà présent dans 21 des 55 pays du continent américain, va continuer à s’étendre. Ce jeudi 28 janvier, la directrice mondiale de l’OMS a annoncé que l’épidémie “se propage(ait) de manière explosive” sur le continent américain et s’attend à trois quatre millions de cas. “Le niveau d’alerte est extrêmement élevé” a-t-elle ajouté, précisé que l’organisation était particulièrement inquiète du fait de “la possibilité d’une propagation au niveau international”.
La maladie a fait son apparition ces derniers jours en Europe, au moins six pays (Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Danemark et Suisse) confirmant sa présence chez des personnes rentrant d’Amérique latine, ont indiqué les autorités sanitaires. Aucune infection n’a été rapportée chez des femmes enceintes.
– Le Brésil particulièrement touché –
Trois mois après les premières alertes sanitaires au Brésil, sa présidente Dilma Rousseff a appelé l’ensemble de la région à adopter une stratégie commune pour combattre la maladie, annonçant un sommet des ministres de la Santé la semaine prochaine en Uruguay. “Nous allons tenir une réunion du Mercosur (le marché commun sud-américain, ndlr) mardi à Montevideo, ouverte à tous les pays de la Celac”, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a déclaré la présidente au sommet de la Celac à Quito.
Le géant sud-américain, hôte en août des jeux Olympiques à Rio, est le plus touché par cette épidémie, transmise par le moustique Aedes aegypti et le moustique tigre, qui peuvent aussi être porteurs de la dengue et du chikungunya. La Colombie, deuxième pays le plus affecté avec plus de 13.800 cas de Zika confirmés et une centaine de bébés avec microcéphalie, a décrété mardi le premier niveau d’alerte, verte, afin que les hôpitaux se préparent à répondre à une expansion de la maladie.
Face à cette menace, le président américain Barack Obama a appeler à “accélérer les efforts de recherche pour mettre au point de meilleurs diagnostics, des vaccins et des traitements”, selon un communiqué de la Maison Blanche.