Le Premier ministre, Manuel Valls, a réagi indirectement dimanche aux vives critiques de Martine Aubry sur la politique économique de l’exécutif en assurant qu’on pouvait “compter” sur lui pour “avoir les nerfs solides”.
“A gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse. Nous la faisons vivre chaque jour, même chaque dimanche”, a-t-il glissé en souriant, en allusion à l’interview de Mme Aubry dans le JDD. “Parfois un peu trop, mais il faut avoir les nerfs solides. Comptez sur moi pour avoir les nerfs solides”, a-t-il lâché lors d’un discours prononcé devant ses alliés du Parti radical de gauche (PRG).
Après son discours, le Premier ministre a ensuite défendu le fait de n’avoir pas répliqué, en tout cas directement, aux critiques de la maire de Lille.
“Moi je ne peux pas perdre du temps dans des oppositions, dans des débats, chacun apporte des contributions, c’est très bien mais, à la différence d’autres, nous gouvernons, nous assumons pleinement les responsabilités et nous engageons le pays sur la voie de l’avenir, c’est ça ce qui compte”, a-t-il répondu aux journalistes.
Dans un entretien au Journal du dimanche, Martine Aubry a éreinté la politique économique de François Hollande et de Manuel Valls en se posant clairement en chef de file des députés PS frondeurs et en demandant une “réorientation” de la politique économique du gouvernement.
“Avec le Pacte de responsabilité et de solidarité, que vous avez soutenu au Parlement, nous avons fait un pas important” et “nous n’allons pas nous arrêter au milieu du gué”, a prévenu Manuel Valls dans son discours.
“On ne peut pas zigzaguer, changer tous les jours de position. Les entreprises ont besoin de lisibilité, de visibilité. Je suis fier que ce gouvernement, cette majorité, soient aux côtés des entreprises, de toutes les entreprises, mais enfin ça ne devrait même pas faire débat…”, a-t-il encore affirmé.
Quant aux 50 milliards d’économies sur trois ans, dont 21 en 2015, “c’est un effort sans précédent, mais je refuse l’idée que nous faisons de l’austérité. Oui je sais, pour les chômeurs de longue durée, pour les retraités modestes (…
dire qu’il n’y a pas d’austérité c’est quelque chose qui leur passe au-dessus de la tête”, a ajouté M. Valls.
“Mais je voudrais dire à l’ensemble de la gauche: regardez de près, regardons quelle est la réalité (…
Regardez le fait que nous adaptons le rythme de la réduction des déficits à la situation économique exceptionnelle que traverse l’économie européenne”, a insisté le Premier ministre, qui a également défendu son intention de faire baisser “la pression fiscale”.
“Il y a un ras-le-bol fiscal dans notre pays, il y a même un rejet de l’idée d’impôt qui est pourtant indispensable”, a-t-il dit en appelant à ne pas faire des baisses d’impôt “un tabou”.
Manuel Valls a également mis en garde la gauche contre les “sectarismes”, “quand elle met en cause un ministre brillant non pas pour ce qu’il fait mais pour ses origines ou pour son métier”, en allusion au ministre de l’Economie Emmanuel Macron, ex-banquier d’affaires.
“Quand la gauche se fragmente, quand elle est dans la posture, quand elle ne se parle qu’à elle-même, alors à ce moment là elle rate son rendez-vous avec l’histoire”, a-t-il plaidé.
Avant lui, le président du PRG, Jean-Michel Baylet, avait assuré que les radicaux, malgré les critiques émises contre le gouvernement, ne remettaient pas en cause “la ligne politique” suivie depuis 2012 car “il n’y a pas d’autre solution”.
“Le travail qui est fait est bien fait, nous soutenons la politique de Manuel Valls et nous ne sommes pas d’accord avec Martine Aubry”, a-t-il insisté.