Sarkozy, Juppé, Macron… Le président a réservé quelques piques à ses adversaires politique.
Officiellement, François Hollande prononçait un discours sur “La démocratie face au terrorisme”. Ce fut finalement un peu plus que cela, de nombreux observateurs y voyant un discours politique, voire le début de sa campagne pour la présidentielle. Et pour cause, le président a multiplié les piques contre l’opposition, sans oublier les concurrents de son propre camp.
Rares ont été les adversaires ou rivaux potentiels du chef de l’Etat à avoir été épargnés dans ce discours, intitulé “La démocratie face au terrorisme”, de la salle Wagram, sous les applaudissements d’un auditoire acquis à sa cause. La droite, qui organise une primaire (20-27 novembre) dans la course à l’Elysée, a concentré ses flèches. Ses leaders “pensent que le pouvoir est là, à portée de main. Ils y sont, ils s’y installent, ils s’organisent. Ils pensent que l’élection, c’est la primaire, et que le reste n’a plus d’importance, que les Français viendront signer au bas de la page”, a déclaré le chef de l’Etat.
“Eh bien, je veux le dire, au nom du suffrage universel dont je suis finalement, encore jusqu’au mois de mai, le seul qui en ait eu l’onction, je veux leur dire que dans une démocratie, il y a l’élection”. “Ah, ce n’est pas facile, l’élection ! Il faut la mériter, il faut s’y préparer, et il faut respecter les citoyens”, a poursuivi M. Hollande dans une allusion visant également son ex-ministre Emmanuel Macron.
Pour M. Hollande ,”l’imagination” de la droite et du Front national “prend des tours inquiétants” dans la lutte contre le terrorisme. “Non, a-t-il rétorqué les principes constitutionnels ne sont pas des ‘arguties juridiques’!”
“Une argutie juridique, le droit d’aller et venir ? Une argutie juridique, la liberté d’expression ? Une argutie juridique, la liberté de culte ? Une argutie juridique, la présomption d’innocence, bien commode à brandir quand il s’agit de plaider pour son propre compte”, a lancé le chef de l’Etat, visant Nicolas Sarkozy, dont le parquet a requis le renvoi en correctionnelle dans l’affaire Bygmalion. L’ancien chef de l’Etat avait estimé après les attaques jihadistes de juillet, que des “arguties juridiques”, à savoir la Constitution, ne devaient pas empêcher de combattre le terrorisme.
M. Hollande a aussi éreinté le bilan de son prédécesseur, coupable selon lui d’avoir diminué les effectifs de policiers et diminué le budget de la Défense. Il a aussi raillé la promesse de Nicolas Sarkozy de revenir sur le non-cumul des mandats dès 2017 s’il est réélu. Alain Juppé n’a pas été oublié. “L’identité française n’est ni heureuse, ni malheureuse”, lui a lancé M. Hollande en référence à son mantra de campagne. Et “nul ne peut en conscience promettre qu’il n’y aura plus d’attentats”, alors que le maire de Bordeaux avait estimé quelques heures après l’attentat de Nice que “si tout avait été fait”, l’attaque “n’aurait pas eu lieu”.
Aux sarkozystes et au FN, qui souhaitent une loi contre le “burkini”, il prévient qu'”il n’y aura pas de législation de circonstance aussi inapplicable qu’inconstitutionnelle”. Transmis également à Manuel Valls, qui avait défendu les arrêtés municipaux d’interdiction finalement contredits par le Conseil d’Etat.
Sur la méthode également, M. Hollande a écarté le “recours aux ordonnances”, notamment prôné à droite par Jean-François Copé, mais aussi le référendum qui contient le risque “d’abus” ou de “détournement”.