Génocide arménien: Ankara ouvre la porte à un apaisement des tensions diplomatiques avec Berlin.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a laissé entrevoir mercredi une solution au différend germano-turc sur le génocide arménien, à condition que Berlin confirme ses récents efforts diplomatiques.
“Si l’Allemagne continue à se comporter comme aujourd’hui, alors nous allons réfléchir”, a déclaré le chef de la diplomatie turque au quotidien allemand Die Welt.
“Mais que l’Allemagne essaie de mal traiter la Turquie et ça ne sera pas le cas”, a-t-il menacé, interrogé sur les tensions entre Berlin et Ankara, partenaire essentiel de l’Union européenne sur la crise migratoire.
La chambre basse du parlement allemand avait ulcéré les autorités turques en adoptant le 2 juin une résolution qualifiant de génocide les massacres d’Arméniens commis par l’Empire ottoman en 1915.
En représailles, la Turquie a interdit aux parlementaires allemands l’accès à sa base militaire d’Incirlik, dans le sud de la Turquie, où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre l’organisation Etat islamique.
Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait pressé en juillet la chancelière allemande Angela Merkel de se distancier publiquement de ce vote, la dirigeante a souligné vendredi que la résolution du Bundestag n’avait aucun caractère contraignant.
Ces déclarations ont été largement interprétées par la presse comme une manière d’amadouer Ankara pour obtenir la levée de la décision turque sur Incirlik. L’Allemagne espère que ses députés pourront s’y rendre le 4 octobre.
Mais par ailleurs un nouveau différend germano-turc a émergé avec la confiscation par les autorités turques, lundi soir, de la vidéo d’une interview tournée par la radio-télévision allemande Deutsche Welle avec le ministre des Sports, Akif Cagatay Kilic.
“La liberté de la presse est pour nous un bien précieux, et je dois dire non négociable”, a déclaré mercredi le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, qualifiant l’incident de “pas bien” lors d’un point-presse régulier.
Selon M. Seibert, l’ambassadeur allemand en Turquie a mené mercredi matin “une discussion engagée, mais finalement constructive” avec les autorités turques, au cours de laquelle les deux parties ont exprimé leur souhait d’éviter “de nouvelles perturbations” entre les deux pays.
Les sources de désaccords restent nombreuses entre Ankara d’une part et Berlin et Bruxelles de l’autre, la Turquie menaçant notamment de rompre l’accord avec l’UE qui a jugulé l’afflux de migrants vers l’Europe si ses citoyens n’étaient pas exemptés de visas Schengen. Or Ankara refuse de mettre en oeuvre certaines conditions posées par les Européens pour bénéficier de cette exemption.