L’inspection du travail a refusé le licenciement de salariés protégés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, une décision que comptent bien mettre à profit la CGT de l’usine et les centaines de salariés qui contestent leur licenciement devant les prud’hommes.
La nouvelle est tombée vendredi, en marge d’une tentative de conciliation entre quelque 600 anciens salariés de Goodyear et la direction, devant les prud’hommes d’Amiens, qui, comme attendu, a échoué et mènera les ex-salariés et l’industriel devant les prud’hommes le 22 janvier prochain.
Cette décision de l’inspection du travail, qui concerne potentiellement une cinquantaine de salariés protégés (représentants syndicaux ou délégués du personnel), sonne comme une première victoire aux oreilles des anciens d’Amiens-Nord, qui entendent contester jusqu’au bout la fermeture de leur usine qui employait encore en janvier dernier 1.173 personnes.
“C’est une très bonne nouvelle pour nous, on va pouvoir englober le reste des salariés”, s’est réjoui Franck Jurek, de la CGT.
“Au moins cinq salariés protégés” ont reçu selon lui en recommandé une lettre de l’inspection du travail “leur signifiant que leur licenciement économique était injustifié”.
“L’action de procédure de licenciement économique est refusée”, indique l’inspection du travail dans une des lettres recommandées datées du 1er octobre qu’elle a envoyées aux salariés et que l’AFP a pu consulter.
Dans ce courrier de trois pages, très détaillé et argumenté, l’inspectrice du travail déclare notamment qu'”aucune difficulté économique” n’a été perçue au niveau des activités agraire et tourisme du groupe de pneumatiques, en l’occurrence les deux types de produits qui étaient fabriqués dans l’usine d’Amiens-Nord.
La direction de Goodyear ne souhaitait pas commenter cette information dans l’immédiat.
Le 22 janvier prochain, ce sont pas moins de 800 anciens salariés, non protégés eux, doivent contester leur licenciement devant les prud’hommes, les 600 présents vendredi et 200 autres qui doivent se présenter aux prud’hommes pour la même procédure de conciliation le 13 novembre prochain.
– Le précédent des ‘Conti’ –
L’avocat Fiodor Rilov compte bien s’appuyer sur ces courriers et sur le précédent des “Conti”.
Hasard du calendrier, cette décision intervient trois jours après la confirmation par la cour d’appel d’Amiens de l’absence de motif économique dans les licenciements de 683 anciens salariés de l’usine Continental de Clairoix, une autre usine de pneumatiques qui se trouvait non loin dans l’Oise.
La longue bataille judiciaire des “Conti” avait également débuté par une décision favorable pour les salariés protégés du site, en l’occurrence du tribunal administratif d’Amiens.
“Les deux licenciements massifs à Goodyear à Conti sont extrêmement similaires. Ils ont été décidés par deux multinationales du pneumatique qui s’organisent de la même manière et qui font toutes les deux énormément d’argent, énormément de profits. L’une a été condamnée, l’autre pas encore mais on y travaille”, a déclaré Me Rilov, qui intervient dans les deux dossiers.
“Mon argumentation sera très proche de celui utilisé pour Conti, j’espère que le résultat sera le même”, a-t-il conclu.
“C’est une bonne nouvelle, on va s’en servir et exiger la même chose pour l’ensemble des salariés licenciés pour motif économique. C’est un argument supplémentaire”, a conclu pour sa part Franck Jurek.
La CGT, majoritaire, avait engagé pendant sept ans un bras de fer avec la direction de Goodyear avant de signer un accord en janvier rendant effective la fermeture de l’usine d’Amiens-Nord, qui employait 1.173 salariés.