C’est l’affrontement de deux fragilités pour cause de majorité indisciplinée. Conséquence: un sérieux souci de gouvernance. [Chronique diffusée sur France Inter le 09/12/2014] La maire de Paris Anne Hidalgo et le président de la République François Hollande à l’Hôtel de Ville de Paris lors d’une cérémonie le 25 août 2014 La maire de Paris et François Hollande ont tous deux à faire à une majorité très indisciplinée et qui risque à tout moment de les mettre en minorité. Ce fut déjà le cas pour la tour Triangle, un immense projet immobilier dans le sud de Paris : défendu par Anne Hidalgo, il a été retoqué par le conseil de Paris, les Verts et le Parti de gauche s’alliant avec l’UMP pour le faire capoter. Sur le travail du dimanche, rebelote : pendant sa campagne pour la mairie de Paris, Anne Hidalgo n’y était pas complètement fermée. Mais sous la pression des élus écologistes, communistes et une partie des socialistes, elle a dû en rabattre et la voilà farouchement opposée à une modification de la loi. Elle a d’ailleurs lancé une campagne sur les réseaux sociaux très offensive dimanche dernier.
Ce qui ne manque pas de mettre en difficulté le gouvernement
A l’approche de la présentation de la loi Macron qui prévoit une extension du travail dominical, c’est une sacrée aiguille dans le pied du gouvernement. Sur un texte où il risque de se prendre de plein fouet les frondeurs du parti socialiste au Parlement. Hidalgo et Hollande rencontrent la même difficulté mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils s’entraident, qu’ils se serrent les coudes. Bien au contraire. On en vient à oublier qu’ils sont du même camp. Hollande est même devenu le pushing-ball préféré de la maire de Paris. Il n’y pas que sur le travail du dimanche qu’Anne Hidalgo s’est opposée au chef de l’Etat. Elle n’a pas caché toutes ses réticences sur l’organisation des JO dans la capitale en 2024. François Hollande en a a fait l’annonce début novembre à la télévision sur TF1. Barrage d’Anne Hidalgo.
Sur ce dossier, on pourrait penser que c’est l’ancien soutien de Martine Aubry qui parle mais c’est en fait le chef d’une majorité désunie hostile, pour partie, aux JO.
En fait, on entend surtout Anne Hidalgo quand elle s’oppose à l’exécutif
C’est un peu schizophrénique et ça en dit long aussi sur la faiblesse politique du chef de l’Etat. En fait, la fragilité d’Hidalgo révèle en écho celle de François Hollande. Mais ce n’est pas sans poser un problème sur la capacité de la gauche à gouverner plutôt qu’à s’enfermer dans un débat permanent entre ses composantes. Car que ce soit à l’Hôtel de Ville parisien ou à l’Elysée, le PS passe plus de temps à éviter l’implosion qu’à trouver un chemin de raison, utile à la capitale ou au pays. Hidalgo tout comme Hollande paient le prix d’une illusion de majorité. Ils manquent tous deux d’un cap clair et d’une autorité incontestable. L’un comme l’autre trouvent dans leurs rangs leurs opposants les plus virulents. Leur affrontement en est le résultat. Ça pourrait être anecdotique mais c’est consternant : une illustration supplémentaire d’un sérieux souci de gouvernance.