Y a-t-il à gauche une alternative crédible au pouvoir socialiste en place? Ecologistes, députés PS frondeurs, “mélenchonistes” et communistes discutent ce week-end d’un éventuel avenir en commun à la Fête de l’Humanité.
Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, n’a eu de cesse de le répéter dans les allées du Parc de la Courneuve (Seine-Saint-Denis) : il veut “remettre dans le dialogue l’ensemble des forces de gauche qui ne se reconnaissent pas dans la politique gouvernementale”.
Pour cela, le patron des communistes avait organisé une belle affiche samedi midi en invitant à sa table les représentants du Front de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon, des frondeurs socialistes ainsi que des membres de la direction d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV).
Une présence un peu inattendue (et très médiatique): celle de l’ex-trader Jérôme Kerviel, invité de Jean-Luc Mélenchon. L’ex-employé de la Société générale, condamné pour avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros à sa banque, n’a fait qu’un bref tour de piste, l’occasion de saluer en M. Mélenchon “l’homme qui lui a tendu la main”.
La reprise du dialogue à gauche “est un long travail”, admet Pierre Laurent pour qui “la fête de l’Huma est une belle occasion”.
“Dans la période actuelle, c’est utile qu’à gauche on se parle”, assure aussi Jérôme Guedj, président PS du conseil général de l’Essonne, “un département où l’union de la gauche fonctionne”, précise ce représentant de la gauche socialiste.
“On rend publiques des choses qui se passent tout au long de l’année”, s’amuse-t-il. “Ce qui est anormal c’est que la gauche ne se parle pas (… qu’il n’y ait pas d’autre politique possible que de se soumettre ou de se démettre”, allusion claire au fracassant départ du gouvernement d’Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti pour cause de désaccord avec la ligne politique de Manuel Valls.
Autour de la table également, les écologistes représentés par le sénateur Jean-Vincent Placé et David Cormand, responsable des élections. La secrétaire nationale d’EELV Emmanuelle Cosse était attendue pour un débat à 16H00.
“Il fait beau, c’est un signe. Il pleut sur Hollande mais ici il fait beau”, souligne en souriant David Cormand. Sauf qu’après la photo, “il va falloir passer aux travaux pratiques” et “concrétiser” le rassemblement sur des points de convergence.
‘Arrêter les préliminaires’
Car malgré la cohésion de façade, toutes ces composantes de la gauche sont encore loin d’être prêtes à agir ensemble. Exemple éclatant: le vote de confiance mardi à l’Assemblée nationale, qui doit donner lieu à des votes contre (PCF), des votes pour (certains frondeurs, peut-être certains écologistes) et des abstentions (d’autres frondeurs PS et d’autres écologistes).
“On est dans le temps de la conviction. Il faut montrer qu’il y a une dynamique possible”, veut croire la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, qui fustige “un petit quarteron de gauche qui s’approprie une dérive politique qui n’est pas de gauche”.
“Bienvenue à la maison…C’est Pomponette, elle est revenue”, s’est amusé Jean-Luc Mélenchon en accueillant sur le stand du Parti de gauche cette ancienne camarade du Parti socialiste.
“On n’est pas des opposants, on est en désaccord avec ce qui se fait”, a précisé le député PS Pascal Cherki qui a “toujours considéré que la gauche a vocation à se rassembler” et “pas seulement dans les élections”. “Elle a vocation a gouverner ensemble dans toutes ses composantes”, ajoute-t-il.
“Ce n’est pas un repas qui va déboucher sur des décisions (… il faut travailler”, a reconnu Pierre Laurent qui ne veut pas “construire les convergences à coups d’ultimatum”.
“Ces repas, on peut les avoir dans tous les départements. Localement nous avons des élus écologistes et socialistes qui sont demandeurs”, assure Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, soulignant que “les dernières déclarations de Martine Aubry ouvrent un espace intéressant”.
“Il faut maintenant arrêter les préliminaires”, insiste David Cormand, “si on veut des résultats pour 2017, il faut des travaux pratiques avant”.