C’est l’épilogue d’un feuilleton diplomatique qui dure depuis l’été 2014. Les deux Mistral dont la livraison à la Russie a été annulée en raison de la situation dans l’est de l’Ukraine seront finalement vendus à l’Egypte, a annoncé l’Elysée, mercredi 23 septembre.
« Le président de la République s’est entretenu avec le président Sissi. Ils se sont accordés sur le principe et les modalités de l’acquisition par l’Egypte des deux bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral ».
Le montant exact de l’achat, qui conditionne le coût final pour le budget de l’Etat, n’est pas encore connu. Mais le porte-parole du gouvernement français a affirmé qu’il n’y aurait « pas de perte financière sur la vente des deux navires » construits dans le port de Saint-Nazaire, en Loire Atlantique. « Les choses sont négociées, elles seront précisées le moment venu », a encore indiqué le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. Selon les documents officiels présentés à l’Assemblée nationale, l’annulation du contrat précédent avec la Russie a coûté 950 millions d’euros à la France, une somme remboursée aux autorités russes.
« C’est une grande satisfaction et la preuve que les déclarations du gouvernement n’étaient pas des paroles en l’air puisqu’elles se sont rapidement traduites par des actes », a réagi le maire PS de Saint-Nazaire, David Samzun.
« Ce qui m’inquiétait, c’était un stationnement à Saint-Nazaire pendant une longue durée. Maintenant, on connaît leur destination finale ».
Visite d’une délégation égyptienne
Depuis quelques jours, le calendrier de la cession des deux navires s’accélérait, alors que Le Monde avait révélé dès le 7 août que l’Egypte et l’Arabie Saoudite étaient « prêtes à tout » pour racheter les bâtiments. Le Canada, l’Inde, et Singapour, avaient également exprimé un intérêt « sérieux » pour le rachat de ces deux navires.
Vendredi, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense, avait affirmé que la vente devrait se concrétiser « dans les semaines qui viennent », avait déclaré, vendredi, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense. La veille, l’Assemblée nationale avait approuvé l’accord avec la Russie traduisant l’annulation de la vente de deux navires à Moscou en raison de son implication dans la crise ukrainienne.
Mardi, le site LaTribune.fr écrivait qu’une délégation égyptienne de haut niveau se trouvait à Paris pour négocier l’achat de ces bâtiments. Elle a reçu mandat du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, pour négocier un contrat avec DCNS, chargé par Bercy de vendre les deux Mistral, poursuivait le site, ajoutant que la délégation égyptienne s’était même rendue à Saint-Nazaire. L’un des bâtiments pourrait être positionné en mer Rouge, et l’autre en mer Méditerranée, où la situation en Libye reste une préoccupation pour l’Egypte frontalière.
Chantier jusqu’à janvier
La décision de vente des Mistral à la Russie remontait à 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais l’implication de Moscou dans la crise ukrainienne avait renforcé la pression internationale sur Paris, qui avait été incité à bloquer ce contrat.
En vertu de l’accord conclu le 5 août entre Paris et Moscou après huit mois d’intenses négociations, le gouvernement français avait annoncé l’annulation du contrat, et le versement aux autorités russes d’une somme légèrement inférieure à un milliard d’euros, correspondant aux avances qui avaient été versées par la Russie pour l’acquisition des deux navires, dont le prix d’achat devait s’élever à 1,2 milliard.
Mais l’addition inclut aussi les frais de gardiennage et de maintien en état opérationnel ainsi que les frais de démontage du matériel russe. Le démontage dans le port de Saint-Nazaire de ces matériels militaires russes intégrés aux deux navires devrait durer jusqu’en janvier.