Reprendre la main sur le front de l’emploi, c’est l’objectif du gouvernement. L’exécutif annoncera en janvier des “mesures nouvelles”, dont un plan “massif” sur la formation des chômeurs. Selon une information RTL, François Hollande devrait entériner ses choix le 13 janvier prochain, au Conseil économique social et environnemental.
“Moi je veux faire sortir mon pays de cette accoutumance pour le chômage. Je veux que la valeur travail soit partagée par tous”, a déclaré le Premier ministre lundi soir au 20 heures de France 2. Premier pan: “un plan massif de formation pour les chômeurs” est en train d’être préparé par la ministre du Travail Myriam El Khomri. Manuel Valls a évoqué des “contreparties” pour les chômeurs qui bénéficieraient de ces formations.
Le Premier ministre souhaite également “mettre le paquet” sur l’apprentissage, en associant les nouveaux présidents de région: une “conférence” se tiendra d’ailleurs avec eux prochainement sur les politiques d’emploi. Il a également dit vouloir “encourager” les emplois de service (aide à domicile, garde d’enfants, jardinage…
Selon une information RTL, Manuel Valls envisagerait de mettre en place un barème sur les indemnités que l’on pourrait demander au prud’hommes lors d’un licenciement. Cela permettrait aux entreprises de connaitre dès l’embauche ce que lui coûterait au maximum un licenciement. Déjà envisagée, cette mesure avait été retoquée par le Conseil constitutionnel car elle ne s’appliquait qu’aux PME dans la Loi Macron. Cette fois-ci, toutes les entreprises y aurait le droit, même les multinationales.
Selon Bercy, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron doit par ailleurs faire des propositions au Premier ministre dans la semaine, dans le cadre de la future loi Noé, présentée en janvier au Conseil des ministres. Baisse du coût du travail via le pacte de responsabilité, contrats aidés, primes à la première embauche, CDD renouvelables deux fois… Les différentes mesures prises depuis deux ans par l’exécutif n’ont pour l’heure pas permis “d’inverser la courbe du chômage”, promesse présidentielle devenue rengaine sans cesse repoussée.
Malgré le -petit- retour de la croissance, qui devrait atteindre au minimum 1,1% en 2015, les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler sur le front du chômage. Le taux de l’Insee a atteint 10,2% de la population active en métropole au 3e trimestre, du jamais-vu depuis 1997. Quant au nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi, il a bondi à 3,59 millions (+42.000 personnes) en octobre, effaçant la baisse prometteuse du mois de septembre. Les prochains chiffres de l’ex-ANPE, ceux de novembre, seront publiés la veille de Noël. Or le “front” de l’emploi, dans les tranchées desquelles les gouvernements successifs pataugent depuis plus de 30 ans, a continué à jouer un rôle électoral massif pour les régionales, marquées par un record en pourcentage (27,7%) du FN au premier tour et en voix (6,8 millions) au second.
— Code du travail réécrit —
Selon un sondage d’Harris Interactive, l’emploi a été l’enjeu “qui a le plus compté” pour les électeurs du premier tour, devant la sécurité (39%) et l’immigration (34%).Que fait déjà l’exécutif en la matière? En attendant que l’économie crée suffisamment d’emplois dans le privé, le gouvernement compense avec des contrats aidés. Il prévoit d’en financer 295.000 en 2015. Depuis le “tournant” du quinquennat Hollande début 2014, il mène une politique de l’offre et de réduction du coût du travail, par le biais du pacte de responsabilité, qui permettra, une fois atteint son régime de croisière en 2017, de redistribuer 40 milliards d’euros par an aux entreprises.
Il a également pris en juin une série de mesures pour favoriser l’emploi des PME: une prime de 4.000 euros à la première embauche, le gel des seuils fiscaux et la possibilité de renouveler les CDD deux fois, au lieu d’une auparavant. Ainsi que le plafonnement des indemnités prud’homales accordées aux salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse, mais cette mesure avait été en partie censurée par le Conseil constitutionnel. Pour aller plus loin, le gouvernement s’attaque désormais à la réécriture à partir de début 2016 du code du travail: il s’agira de dire clairement dans la loi ce à quoi il ne peut être dérogé et ce qui est ouvert aux négociations de branches ou d’entreprises.