“Des airs d’OK Corral”, selon BFMTV, une “ambiance électrique” d’après Libération… Le Bureau national du PS (son instance dirigeante) se réunissait, lundi soir pour plancher sur le texte porté par la ministre du Travail. La maire de Lille a répété tout le mal qu’elle pense du texte, estimant qu’il y a “beaucoup de choses à modifier”.
Les murs ont dû trembler, lundi soir, rue de Solférino. Le Bureau national du Parti socialiste a une discussion longue et houleuse sur le projet de loi sur la réforme du code du travail. Et la soirée a notamment été marquée par l’intervention de Martine Aubry. La maire de Lille, qui avait déjà étrillé le gouvernement dans une tribune au vitriol dans Le Monde, réclame beaucoup de “modifications” du texte. Toutefois, elle ne demande pas son retrait.
– “Mettons le paquet sur la formation, sur la recherche, sur l’innovation” –
Interrogée par la presse à sa sortie du Bureau national, Martine Aubry a indiqué ne pas demander le retrait de la réforme du code du travail. Toutefois, elle la qualifie d'”extrêmement dangereuse”. “Il y a beaucoup, beaucoup de choses à modifier, on ne peut pas se contenter de trois petites modifications”, a-t-elle jugé. Martine Aubry dit avoir présenté “beaucoup de propositions” au Bureau national. “Qu’on se donne encore un peu de temps”, a plaidé l’ex-première secrétaire du PS face à la presse. Elle mise notamment sur le travail parlementaire : “Que nous retravaillions pour faire que ce projet de loi soit un vrai projet moderne qui, à la fois, améliore la compétitivité des entreprises et crée de nouvelles protections pour les salariés”, ce qui était “l’idée initiale”, propose Martine Aubry.
Actuellement “la réforme du code du travail est une réforme qui n’améliore ni la compétitivité des entreprises, ni qui accroît la protection des salariés. Elle est extrêmement dangereuse, notamment sur le droit de licenciement”, souligne-t-elle. “Mettons le paquet sur la formation, sur la recherche, sur l’innovation, propose-t-elle. Il faut que les salariés se sentent bien dans l’entreprise si l’on souhaite qu’ils y soient attachés et qu’ils améliorent encore leur compétitivité”.
– “Tout le monde est pour l’amélioration” du texte
De son côté, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis s’affiche optimiste. “Ce soir, il y a un parti qui veut améliorer les choses dans sa grande majorité, même s’il y a toujours des camarades qui estiment que pour faire mieux, il faudrait retirer le texte. Mais tout le monde est pour l’amélioration” du projet de loi, s’est-il félicité en rendant compte des débats devant la presse lundi soir.
Pourtant – contrairement à la maire de Lille -, certains députés PS frondeurs comme Christian Paul et Laurent Baumel ont demandé le retrait pur et simple du projet de loi. “Martine Aubry, elle n’a pas été très loin de demander le retrait du texte. Elle a indiqué qu’une réécriture totale était nécessaire. Ce n’est pas très différent”, a commenté Laurent Baumel à sa sortie de la réunion, essayant de faire contre mauvaise fortune bon coeur.
La ministre du Travail Myriam El Khomri, qui assistait elle aussi à la réunion du Bureau national, en retient que “la grande majorité a envie d’avancer en apportant des améliorations” à son texte. “Nous allons continuer à travailler dans cet esprit constructif”, a-t-elle ajouté. “Certains souhaitent finalement rentrer dans la discussion même quand ils ont contesté le texte”, s’est également félicité Jean-Marie Le Guen,le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, en faisant allusion à Martine Aubry. “Je pense que ce texte (…
aboutira. Il y aura des modifications (…
Nous aurons un texte en conseil des ministres qui sera forcément différent du texte envoyé en Conseil d’État”, a-t-il ajouté. “Très majoritairement, l’idée de travailler sur ce texte, d’en valoriser les opportunités s’impose et le conservatisme n’est pas une solution”, a-t-il encore estimé.