Un astéroïde au Mexique ou l’activité volcanique en Inde: qui de ces deux coupables est l’assassin des dinosaures? Les deux à la fois, répondent des chercheurs dans leurs résultats publiés par Science ce jeudi. De quoi réconcilier les tenants des deux théories.
Les dinosaures ont été tués. Oui, mais par qui? La question obsède les Agatha Christie de la géophysique qui ont identifié deux meurtriers (présumés) différents: un astéroïde de 10 km de diamètre tombé au large du Yucatan, au Mexique, ou bien les éruptions volcaniques intenses dans le Deccan, à l’ouest de l’Inde actuelle. Et si les deux assassins avaient uni leurs forces, il y a environ 66 millions d’années, pour contribuer à cette extinction massive? C’est la théorie que des chercheurs américains de Berkeley (Californie) ont publiée, ce jeudi, dans la revue Science.
Leur idée de départ: la météorite de Chicxulub a-t-elle déclenché une activité sismique et volcanique intense, en plus des nuages de poussière privant la Terre et ses habitants de lumière? Nuages auxquels il faut ajouter les gaz et les cendres accompagnant les coulées de lave, qui ont alors contribué au carnage à la fin du Crétacé. Le climat, l’atmosphère et la chimie des océans ont été si profondément modifiés que les dinosaures ont été éradiqués et de nombreuses autres espèces terrestres et sous-marines ont été balayées.
Une coïncidence “très peu probable”
Ce scénario pourrait séduire les “astéros” mais laisser les “volcanos” sur leur faim : pour eux, le laps de temps écoulé entre les deux phénomènes serait beaucoup trop long (300 000 ans) pour établir une relation de causalité. “Analyses chimiques, études géologiques, modélisations, datations: chaque congrès international leur offrait l’occasion de ferrailler, au point de lasser une partie de la communauté scientifique”, rappelle Le Monde.

Voici à quoi ressemblait la planète Terre à l’époque où les dinosaures ont disparu..
http://dinosaurpictures.org/ancient-earth/#600
Pour en avoir le coeur net et sortir de l’impasse, les scientifiques Paul Renne et Mark Richards sont donc allés dater les Trapps de Deccan à l’argon. Ils en sont revenus avec une datation plus précise que jamais. Les épaisses couches de basalte révèlent trois “vagues” d’épanchement, sur une durée totale de 500 000 années, mais le début du changement de régime volcanique aurait eu lieu 50 000 ans “seulement” après la chute de la météorite près du Mexique.
Une agonie d’un demi-million d’années
Soit dans la fourchette de 100 000 ans qu’ils se fixaient dans un précédent papier, paru en avril: “C’est à peu près le temps qu’il faut pour que le magma [d’un système volcanique déjà existant] atteigne la surface (…
et qu’il forme les coulées de lave les plus étendues et volumineuses que la Terre ait jamais connues”, expliquait Mark Richards. Et c’est l’astéroïde mexicain qui aurait provoqué l’impulsion nécessaire avec “l’équivalent d’un tremblement de terre de magnitude 11″, d’après Paul Renne. Une magnitude apocalyptique, jamais enregistrée.
“Deux événements sur un si bref laps de temps, ça peut être une coïncidence. Mais trois, à savoir, la météorite, le nouveau régime du Deccan et l’extinction massive, ça nous paraît très peu probable”, renchérit Mark Richards. Les deux figures de Berkeley concèdent que la mort collective n’a pas été immédiate. A cette période où la biodiversité était déjà très affaiblie, avant même la chute de l’astéroïde, avaient soutenu des chercheurs d’Edimbourg l’an dernier… La lente agonie aurait duré 500 000 ans. De quoi consoler les “volcanos”?