La Nasa annonce une conférence de presse ce lundi, à 17h30 heure de Paris. “Mars: le mystère résolu”, lance l’agence américaine dans son communiqué de presse. Ce mystère serait-il, par hasard, lié à la présence passée ou présente de l’eau sur la planète rouge?
“Mars: le mystère résolu”… C’est avec un titre de science-fiction que la Nasa décrit sa grande annonce à venir lundi prochain. La Nasa va “détailler une découverte scientifique majeure liée à l’exploration de Mars”, explique le site de l’agence américaine. Ce teaser hollywoodien pour la conférence organisée à Washington DC à 11h30 (soit 17h30 à Paris) alimente les spéculations et la question récurrente : aurait-on trouvé de l’eau sur Mars?
Cette annonce coïncide avec l’anniversaire de l’arrivée de Maven en orbite martienne. La sonde américaine scrute la planète rouge, son sol et son atmosphère, depuis un an. Peut-être a-t-elle trouvé des preuves supplémentaires d’un océan primitif qui aurait contenu plus d’eau encore que l’Arctique, il y a quelque 4,3 milliards d’années, d’après la précédente annonce de la Nasa, en mars dernier. Presque tout son hémisphère nord aurait été recouvert d’un océan d’une profondeur moyenne de 137 m, avec des fosses de 1,6 km, désormais disparu.
De l’eau? Sous quelle forme?
A moins que… La présence de Lujendra Ojha, doctorant en science planétaire à Georgia Tech, lors de la conférence de presse de lundi prochain, a de quoi mettre la puce à l’oreille. Car le jeune homme s’était illustré en 2011, à l’âge de 21 ans, en publiant une étude sur la possibilité que l’eau coule encore sur Mars, lors des mois les plus chauds. “C’était un coup de chance”, racontait-il à CNN à l’époque.
Il a étudié des images de la surface de Mars, prises à différents moments, dont il a éliminé les ombres et autres distortions grâce à un algorithme. Les images servaient à un de ses confrères qui étudiait spécifiquement les vallées qui auraient pu être creusées par l’eau, dans un passé lointain. Surprise: des traînées sont apparues dans un cratère, sans lien avec ces vallées.
Une étude plus poussée publiée dans la revue Science en a conclu qu’il s’agissait peut-être de cours d’eau salée, provenant d’une source encore indéterminée. Sur 13 sites différents, ces traînées “en forme de doigts” ont été repérées grâce aux images de la caméra HiRISE embarquée dans une autre sonde de la Nasa en orbite martienne (Mars Reconnaissance Orbiter). Lujendra Ojha en dira-t-il plus ce lundi?
A moins que la sonde Maven ait trouvé autre chose… Ses observations sont loin d’être anodines car les connaissances de l’atmosphère de Mars conditionnent l’avenir des missions, inhabitées voire habitées. En effet, “c’est l’atterrissage qui est l’étape la plus difficile du voyage. L’atmosphère est si ténue et méconnue que le comportement de la sonde est difficilement prévisible. Or les Américains ont créé des modèles et réussi à poser leurs sondes, là où les autres ont connu des échecs”, décrypte Jean-Yves Le Gall, président du CNES, pour L’Express. La Russie et la Chine ont en effet multiplié les essais infructueux.
La Nasa et la com’
Crucial… mais bien moins grand public que la perspective de l’eau (et de la vie?) sur Mars. Or la Nasa semble en quête de visibilité médiatique, à l’instar d’autres agences spatiales comme l’ESA qui personnifie autant que possible son robot Philae, perché sur la comète Tchouri. Avec succès.
Ces derniers mois, la Nasa a multiplié les annonces fracassantes et, il faut le reconnaître, ébouriffantes. Souvenez-vous des images de Pluton transmises par New Horizons et du choix d’une photo du “coeur” de la planète naine, faite pour attendrir. Ou encore de la découverte de Kepler 452b, cette “planète soeur” de la Terre, si proche de nous… mais si loin tout de même, à 1400 années-lumière.
En mars dernier, la grande annonce de la Nasa concernait Mars et son éventuel océan primitif, justement. Une annonce menée tambour battant sur Internet et dans les médias… alors même que les spécialistes de la question n’en étaient pas informés. Curieusement, quelques jours plus tard, la communauté scientifique se rassemblait au LPSC, grand congrès de planétologie, à Houston, au Texas. De quoi attirer l’attention… et d’éventuels financements.