Des confins du XIIIe arrondissement à la Petite Ceinture du XVe, la manifestation dédiée à l’art contemporain Nuit Blanche revisite cette année des quartiers peu explorés de la rive gauche de Paris, avec un accent particulier mis sur le street art et la performance.
Le parcours officiel se présente comme un “chemin de grande randonnée artistiques”, ponctué de six “points de vue”: de la place de l’Hôtel de Ville au Panthéon, des bords de Seine dans le XIIIe au Parc Montsouris, de la Petite ceinture du XVe à l’hôpital Necker.
Fil rouge de cette 13e édition, qui se déroulera dans la nuit de samedi à dimanche: la figure et le corps humains, et leur inscription dans la cité. Les promeneurs rencontreront ainsi successivement un moine traversant la ville dans une lenteur confinant à l’immobilité (vidéo “Walker” de Tsai Ming-Liang); une silhouette hiératique perchée sur la corniche du Panthéon (Antony Gormley); les sculptures hyperréalistes figées dans des poses mystérieuses de Mark Jenkins…
Les œuvres de street art, dans le XIIIe et à l’hôpital Necker, n’échappent pas à cette thématique: le Portugais Vhils, maître dans l’art de “graver” les murs au burin et au marteau-piqueur, fait ainsi apparaître sur les tristes façades de l’Hôpital Necker trois visages d’enfant; tandis que la street artiste Swoon appose une icône de la maternité sur les murs de la gare Massena à l’abandon. A noter que ces œuvres, créées spécialement pour Nuit Blanche, ont vocation à lui survivre, comme une demi-douzaine d’autres.
“Je me suis intéressé à la question du corps, de la présence, de la nécessité de l’humain”, explique le directeur artistique de la manifestation, José Manuel Gonçalvès, qui dirige par ailleurs le lieu culturel le Cent Quatre.
Cette Nuit Blanche fait ainsi la part belle à des artistes issus du cirque et de la danse, réunis le long des voies ferrées de la Petite Ceinture. Avec “Fugue/Trampoline”, Yoann Bourgeois et ses complices donneront inlassablement le spectacle d’un corps qui chute d’un escalier et rebondit sur un trampoline, à la recherche d’un improbable “point de suspension”.
Avec Noustube #5, c’est dans un tube à essai de trois mètres de haut et rempli d’eau qu’évolueront Jörg Müller et quatre autres performeurs, entre danse, acrobatie et performance. Tandis que Chloé Moglia, en alternance avec deux autres acrobates, se déplacera la nuit durant au-dessus du vide, suspendue à une barre fixe.
– Trains fantômes –
Autre pièce marquante, entre sculpture et performance: la “Transumante”, de Johann Le Guillerm, place du Panthéon. L’artiste venu du cirque et dix assistants construiront et déconstruiront tout au long de la nuit une sculpture vivante faite de centre-trente poutres de bois de trois mètres de long, tenant ensemble par la seule pression des bâtons, et formant successivement un dôme, un couloir ou un S.
Dans une veine plus abstraite, l’artiste Pablo Valbuena proposera à la gare d’Austerlitz une des pièces les plus attendues de cette Nuit blanche: une installation sonore et lumineuse qui semble animer les voûtes majestueuses de la nouvelle gare du mouvement de puissants trains fantômes.
Non loin de là, le Pakistanais Imran Qureshi proposera pour sa première intervention en France une œuvre macabre et poétique, en recouvrant la promenade du quai du Port d’Austerlitz de grandes éclaboussures de peinture acrylique rouge et de dessins représentant des feuillages.
Manuel Valls est annoncé Quai d’Austerlitz à 23H00. La maire de Paris Anne Hidalgo donne pour sa part rendez-vous à 21H00 à l’entrée du Parc André-Citroën, où le pionnier de la musique techno Jeff Mills proposera quatre heures durant un grand bal populaire.