Etats-Unis: le présient Obama accueille Aung San Suu Kyi, passée du statut d’icône mondiale de la démocratie à celui de dirigeante politique.
Le président américain Barack Obama accueille mercredi à la Maison Blanche la cheffe de la diplomatie birmane Aung San Suu Kyi, passée du statut d’icône mondiale de la démocratie, à celui de dirigeante de facto d’un pays en pleine mutation.
Les deux prix Nobel de la paix, qui se connaissant bien, se retrouveront en fin de matinée dans le Bureau ovale pour un face-à-face lors duquel la question d’une possible levée des sanctions encore infligées à ce pays devrait figurer en bonne place.
Lors de la dernière visite de M. Obama en Birmanie fin 2014, Aung San Suu Kyi était la figure centrale de l’opposition.
La “dame de Rangoun”, 71 ans, arrive dans la capitale fédérale américaine avec le titre de ministre des Affaires étrangères, doublé de ce celui de conseillère spéciale d’Etat qui lui permet de piloter le gouvernement en dépit d’une Constitution héritée de la junte lui interdisant d’être présidente en raison de la nationalité étrangère de ses enfants.
Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), a été porté au pouvoir par les législatives de novembre 2015, premier scrutin libre depuis des décennies, quatre ans après l’auto-dissolution de la junte militaire en 2011.
A moins de cinq mois de son départ, et de retour de son ultime tournée asiatique, ce sera aussi l’occasion pour Barack Obama de mettre en avant la transition démocratique spectaculaire dans ce pays d’Asie du Sud-Est après des décennies d’isolement.
“Il est parfois difficile de se souvenir à quel point cela semblait improbable” lorsque le président démocrate est arrivé au pouvoir en 2009, soulignait mardi son conseiller Ben Rhodes.
- Nouvel allègement des sanctions ? -
Dans la foulée des élections, les Etats-Unis ont de nouveau allégé en mai leurs sanctions économiques, mises en place dans les années 1990 pour isoler le régime militaire, mais certaines mesures restrictives demeurent en place.
Dans un pays où l’armée conserve d’importants intérêts économiques et une grande influence politique (un quart des sièges au Parlement grâce à des députés non élus), Washington cherche un difficile équilibre: démontrer que le processus de démocratisation n’est pas achevé mais s’assurer que les sanctions n’empêchent pas les investissements susceptibles d’améliorer la vie quotidienne des Birmans.
“Il faut pointer du doigt les problèmes lorsque nous en voyons mais il ne faut pas non plus perdre de vue que ce pays a progressé beaucoup plus que ses voisins en termes de démocratie, or ces derniers ne font pas l’objet de sanctions”, résume Ben Rhodes.
L’exécutif américain insiste sur le fait qu’une éventuelle décision sur les sanctions ne sera prise qu’en étroite collaboration avec Aung San Suu Kyi. “Nous voulons savoir comment elle perçoit notre régime de sanctions”, explique le conseilleur de M. Obama.
L’un des points de tension avec Washington reste la situation de la minorité musulmane des Rohingyas. Depuis des violences meurtrières en 2012, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux n’ont pas pu retourner dans leurs villages et s’entassent dans des camps de fortune.
L’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, qui vient d’être désigné par le gouvernement birman à la tête d’un comité chargé de ce dossier sensible, a rencontré Aung San Suu Kyi début septembre à Rangoun.
Cette dernière a été vivement critiquée sur la scène internationale, même par ses plus fervents partisans, pour son silence sur ce dossier.