La capitale interdite en journée aux camions et autocars de plus de 15 ans.Une première étape vers l’interdiction de tous les véhicules diesel en 2020.
Des permis de conduire périmés, des camions en surcharge, des échappements très polluants et quelques véhicules de plus de 15 ans. C’est la pêche bigarrée que la police parisienne a remontée place de la Nation à l’occasion de sa première opération de contrôle des nouvelles restrictions de circulation. Depuis ce mardi, un arrêté issu de la loi sur la transition énergétique interdit la fréquentation de Paris intra-muros entre 8 heures et 20 heures tous les jours aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes immatriculés avant octobre 2001. Et sanctionne son non-respect d’une amende de deuxième classe de 35 euros.
Les quelques conducteurs de camion verbalisés mardi pour cette faute ont admis, éberlués, ne pas connaître cette réglementation. C’est précisément pour mieux en faire la publicité que la préfecture a déployé un dispositif inhabituel de 4 unités comprenant une vingtaine de policiers. La mesure a été votée par la Mairie de Paris dans son plan antipollution du début de l’année. Christophe Najdovski, adjoint écologiste aux transports à la mairie, assistait aux premières interpellations : « La circulation automobile génère 66 % des particules qui dégradent l’air des Parisiens, il s’agit d’interdire progressivement les véhicules les plus polluants. De 7 à 10 % du trafic sont déjà concernés, soit plusieurs milliers de camions et 200 autocars. »
Le capitaine Thierry Pujol qui supervisait l’opération explique que les 1.600 fonctionnaires de la préfecture intervenant sur la circulation routière ont désormais pour mission supplémentaire de contrôler cette interdiction. Elle s’ajoute en particulier aux vérifications des normes de rejet des pots d’échappement. Olivier Dupas, chef de l’unité du contrôle technique qui effectue ces mesures, confirme que sa trentaine d’agents ont intensifié ces contrôles depuis environ deux ans. « Nous répondons à une demande politique et sociétale, c’est devenu une priorité de la préfecture », explique-t-il.
Nombreuses dérogations
L’opération de mardi n’a pour le moment débusqué que de rares infractions à la nouvelle règle de circulation. Un policier ne s’étonne pas : « L’arrêté prévoit de nombreuses dérogations pour les véhicules de service public mais aussi ceux desservant les marchés forains, les grues, les citernes d’essence, etc. On ne peut pas tout interdire. » Ces exemptions agacent Christophe Najdovski, qui les a découvertes il y a quelques jours. Il prévient qu’elles sont limitées à moins d’un an, le temps pour les transporteurs de s’adapter. Et de rappeler les aides au rééquipement (de 3.000 à 9.000 euros) offertes par la mairie aux transporteurs de la première couronne.
Au 1er juillet prochain, Paris lancera la deuxième étape de la chasse aux diesels polluants avec l’interdiction cette fois de tous les véhicules datant d’avant 1997. Les particuliers pourront encore prendre leurs vieilles voitures le week-end et le soir. La maire, Anne Hidalgo, a rappelé mardi son souhait d’interdire tous les véhicules diesel d’ici à 2020. Christophe Najdovski reconnaît qu’il faudra convaincre les élus de la métropole, qui reprendra cette compétence après 2016. D’autres mesures d’amélioration de la qualité de l’air seront déroulées dans les mois à venir. La mairie a par exemple imposé aux directeurs de ses écoles de limiter fortement le recours aux autocars pour les sorties scolaires.