Le dépôt des listes de candidats pour les élections régionales des 6 et 13 décembre est ouvert depuis lundi matin et jusqu’au 9 novembre à midi dans les 13 grandes régions métropolitaines et les quatre régions et territoires d’outre-mer.
On aurait pu s’attendre à ce que les candidats aux élections régionales s’entourent d’un aréopage d’industriels et de représentants des milieux économiques. Avec la réforme territoriale (loi NOTRe) les régions vont en effet devenir des acteurs puissants de l’économie locale, dotés de compétences accrues. Mais ces perspectives n’ont manifestement pas pesé dans la composition des listes, assez pauvres en chefs d’entreprise et autres cadres dirigeants. « Ce n’est guère étonnant car, contrairement au mandat de conseiller municipal, le conseiller régional doit être présent, s’impliquer dans l’appareil, les dossiers.
Un chef d’entreprise n’a pas toujours le temps », note Luc Rouban, directeur de recherche au Cevipof, qui a mené une étude sur le profil des conseillers régionaux élus en 2010. Parmi eux, à peine 4 % de chefs d’entreprise, 11 % de cadres du privé et 3,5 % de consultants indépendants ou patrons de TPE. Un ratio faible, plus élevé à droite (8 % de chefs d’entreprise) qu’à gauche (6 % DVG, 2 % PS). Et que le chercheur ne s’attend pas à voir beaucoup évoluer lors du prochain mandat : « Avec les grandes régions, les enjeux de pouvoir sont plus importants. Les postes se concentrent donc entre les mains des professionnels de la politique. »
Une expérience économique
Quelques patrons et représentants des milieux économiques ont malgré tout réussi à se faire une place sur les listes : Roland Jourdain, Jean-Claude Charrier, Pierre Grand-Dufay. En Aquitaine, Virginie Calmels, tête de liste Les Républicains, a tourné la page des années Endemol, mais a conservé des jetons de présence, expliquant toutefois qu’elle démissionnera de certaines fonctions si elle est élue. En Alsace, Jean-Claude Bader, ancien adjoint au maire de Fabienne Keller (UMP) à Strasbourg, a rejoint la liste FN de Florian Philippot, où il figure en 4e position, éligible. Mais l’homme est surtout connu pour avoir été le patron du restaurant.
L’Arsenal à la Krutenau de 1988 à 2005, à l’époque le plus branché de Strasbourg où tous les politiques s’affichaient. En Languedoc-Roussillon - Midi-Pyrénées, où l’alliance entre les deux régions fait des étincelles, Thomas Fantini figurera en 2e place dans la Haute-Garonne sur la liste DVG Citoyens du Midi menée par Philippe Saurel, maire de Montpellier. L’homme est à la tête de La Compagnie des Pergos, un ensemble de restaurants et d’hôtels employant 80 salariés pour 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il est en outre vice-président local de la CGPME et vice-président de l’Umih, et possède, dit-il, une expertise économique « qui colle aux missions de la future région ». Seul inconvénient : depuis son ralliement au Montpelliérain Philippe Saurel, une partie de sa clientèle toulousaine lui tourne le dos.