Les maires ont pris des mesures d’économies comme le non-remplacement des agents, des suppressions de postes et diminution du recours aux CDD et intérimaires, des freins à l’avancement des titulaires, la lutte contre l’absentéisme, etc. – AFP
Une étude de l’AMF assure que les communes limiteront à 2 % la hausse des frais de personnel cette année.
La photographie de la situation financière des collectivités sort du flou. L’Association des maires de France (AMF) a dévoilé vendredi les résultats des différents travaux menés en collaboration avec les services de l’Etat depuis plusieurs semaines pour quantifier l’effet de la baisse des dotations aux collectivités locales. Pour la première fois, les experts convergent sur le fait que la baisse de 1,5 milliard d’euros de 2014 a provoqué une baisse de 14 % de l’investissement des communes et de 7 % des intercommunalités.
Autre indicateur très discuté depuis plusieurs mois, la mesure par Bercy de la hausse de 4 % des frais de personnel entre 2013 et 2014 n’est plus contestée par les élus locaux. Mais les calculs montrent que la moitié de cette hausse est due à des décisions imposées par l’Etat, essentiellement la réforme des rythmes scolaires qui a exigé l’embauche d’animateurs.
« Un employé coûte 3 % plus cher chaque année »
Sur un plan plus prospectif, une enquête menée par l’AMF auprès de 601 collectivités montre que les maires réagissent désormais plus fermement à l’accélération de la baisse des dotations. En moyenne, les édiles interrogés évaluent à 2 % la progression des frais de personnel entre 2015 et 2014. « Nous savons qu’en moyenne un employé coûte 3 % plus cher chaque année. Cela veut dire que les communes ont commencé cette année à réduire leur personnel de 1 %. Cette baisse des effectifs des collectivités n’est pas arrivée depuis très longtemps », assure Philippe Laurent, secrétaire général de l’AMF.
Les élus interrogés évoquent une palette complète de mesures pour maîtriser des effectifs : non remplacement des départs en retraite ou départs volontaires, réduction des recrutements, limitation des CDD, réévaluation à la baisse des promotions et des indemnités, maîtrise de l’avancement d’échelon, modification du temps de travail et de l’absentéisme, etc. Ouvertement, les maires évoquent aussi une dégradation volontaire du service public rendu : baisse des subventions, arrêt des travaux de mises aux normes, fermeture de crèches, réduction des plages d’ouverture, etc.
Quant aux investissements, priorité du gouvernement et des maires pour relancer la croissance, ils devraient connaître la même érosion cette année qu’en 2014 et de 25 à 30 % sur les trois prochaines années. Le président de l’AMF, François Baroin, a salué l’annonce jeudi d’un fonds d’investissement de 1 milliard par Manuel Valls tout en s’inquiétant des incertitudes autour de la provenance de l’enveloppe et des modalités d’attribution de ces aides