UE: la Russie prône un ordre mondial post-occidental”, au moment où les Etats-Unis réaffirment leur alliance à une Europe déstabilisée par Trump
La Russie a prôné samedi à Munich un ordre mondial “post-occidental”, au moment même où les Etats-Unis réaffirmaient leur alliance à une Europe déstabilisée par l’arrivée de Donald Trump.
S’exprimant à la Conférence pour la sécurité de Munich qui réunit un parterre de dirigeants étrangers dont le vice-président américain Mike Pence, M. Lavrov a annoncé la fin de “l’ordre mondial libéral” conçu selon lui par “une élite d’Etats” occidentaux à visées dominatrices.
“Les dirigeants responsables doivent faire un choix. J’espère que ce choix sera celui d’un ordre mondial démocratique et juste. Si vous voulez, appelez le +post-west+”, a ajouté l’homme de confiance de Vladimir Poutine, qualifiant au passage l’Otan de “vestige de la Guerre Froide”.
Son discours intervenait quelques heures après la première allocution internationale du vice-président américain Mike Pence, qui a, lui, réaffirmé la validité de l’alliance transatlantique.
Dans le climat d’incertitude qui entoure l’ordre international et particulièrement l’avenir des relations russo-américaines sous Donald Trump, M. Lavrov a proposé à Washington des “relations pragmatiques de respect mutuel”.
“Le potentiel de coopération dans les domaines politique, économique, humanitaire est énorme, mais il doit encore être réalisé, nous y sommes ouverts dans la mesure où les Etats-Unis le sont”, a-t-il ajouté.
Dans son discours samedi matin, le vice-président américain a pour sa part évoqué très brièvement la relation russo-américaine, avant tout pour rassurer les Européens.
“Sachez que les Etats-Unis continueront de demander des comptes à la Russie, même si nous cherchons des terrains d’entente. Comme vous le savez le président Trump pense que c’est possible”, a-t-il dit.
- ‘Partager le fardeau’ -
Donald Trump avait déstabilisé ses partenaires en souhaitant bruyamment un rapprochement avec Vladimir Poutine.
En visite en Europe cette semaine, son secrétaire d’Etat et le chef du Pentagone ont tempéré ces velléités, au risque d’impatienter Moscou et d’accroître le flou sur les intentions réelles de Washington.
Calme et posé, M. Pence a ainsi réaffirmé que les Etats-Unis seraient toujours “le plus grand allié” des Européens, et assuré de l’engagement inébranlable des Etats-Unis dans l’Otan.
Mais il a aussi fermement réitéré les exigences américaines d’un engagement financier plus important de ses partenaires, censés consacrer 2% de leur PIB aux dépenses militaires.
“La promesse de partager le fardeau n’a pas été remplie depuis bien trop longtemps”, y compris “par nos plus grands alliés”, a-t-il dit, visant implicitement l’Allemagne et la France.
“Le président Trump attend de ses alliés qu’ils tiennent leur parole. Le temps est venu de faire plus”, a-t-il martelé.
Poliment, des ministres européens ont rétorqué que l’Europe contribuait aussi à la stabilité du monde par l’aide au développement.
En outre “quel intérêt d’atteindre les 2% quand on ne peut pas payer les retraites”, s’est interrogé le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel, citant l’exemple emblématique de la Grèce.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a lui regretté sur Twitter que M. Pence n’ait pas dit “un mot sur l’UE”, un sujet sur lequel il était attendu, M. Trump ayant par le passé loué le Brexit et semblé souhaiter un éclatement de l’Union européenne.
- Ukraine et hackers -
En ouvrant la journée samedi, la chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part lancé un appel au multilatéralisme pour faire face à des défis immenses comme le jihadisme ou la crise migratoire.
Si elle a tendu la main à la Russie dans la lutte contre le terrorisme, elle a de nouveau plaidé la “fermeté” sur l’Ukraine, dossier qui empoisonne les relations entre l’Occident et Moscou.
La chef de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini a répété que les sanctions imposées à la Russie seraient levées lorsque les accords de paix de Minsk seraient appliqués.
Répliquant à “sa bonne amie” Mogherini, Sergueï Lavrov a martelé la position russe selon laquelle Kiev était le principal responsable de la non application des accords.
Enfin, interrogé sur les accusations de piratage de la Russie dans la campagne électorale pour la présidentielle française, M. Lavrov a répliqué qu’il voulait “voir des faits”.