François Hollande est mardi à Washington pour s’entretenir avec son homologue Barack Obama sur des moyens de durcir la lutte contre le groupe Etat islamique au moment où les Occidentaux s’inquiètent du risque d’attaques après les attentats de Paris.
Le président français a affirmé à la Maison Blanche que la France n’interviendrait pas au sol en Syrie, mais soutiendrait les forces locales qui combattent le groupe Etat islamique.
“La France n’interviendra pas au sol, ce sont les forces locales que nous allons accompagner, que nous aidons déjà depuis plusieurs mois qui vont faire ce travail au sol, une fois que nous aurons porté les coups qui permettront à ces forces-là d’agir”, a déclaré M. Hollande en référence aux frappes aériennes menées par les avions de la coalition anti-jihadistes.
Il a également déclaré que les Etats-Unis et la France prévoyaient d’intensifier leurs frappes aériennes contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.
“Nous avons décidé d’intensifier nos frappes en Syrie, comme en Irak, d’élargir leur portée, de renforcer les échanges de renseignement sur les cibles qui sont visées”, a-t-il dit, affirmant également que les deux pays étaient déterminés à “soutenir tous ceux qui combattent au sol” les jihadistes de l’EI.
Pour la France, l’un des enjeux de la rencontre est de demander aux Etats-Unis un engagement plus important contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), tant au niveau des bombardements, que du contrôle des flux financiers.
Depuis les attentats du 13 novembre à Paris qui ont fait 130 morts, la France et les États-Unis ont intensifié leur lutte contre Daech. Des chasseurs-bombardiers embarqués sur le porte-avions français Charles de Gaulle ont frappé lundi l’EI en Irak, pour la première fois depuis le déploiement du navire en Méditerranée orientale. Paris frappe déjà depuis fin septembre les positions de l’EI en Syrie, avec des appareils basés au Moyen-Orient. Washington appelle de son côté à une plus grande coopération internationale contre le groupe jihadiste.
Les États-Unis ont effectué de 10 à 15 sorties par jour contre l’EI – comparées aux 250 frappes quotidiennes menées par l’Otan pendant la guerre du Kosovo en 1999, ou aux 110 sorties quotidiennes pendant l’invasion de l’Afghanistan deux ans plus tard. “À Poutine, c’est bien évidemment la détermination à aller taper l’EI” qu’il faut demander, et non plus seulement les rebelles dit modérés qui menacent le régime de Damas, ajoute le même diplomate.
Ce déplacement s’inscrit dans une semaine très chargée, sur le plan diplomatique, pour le président français, qui tente d’obtenir le soutien de la communauté internationale. “Ce sera une semaine particulièrement intense avec une grande concentration de rendez-vous internationaux”, souligne son entourage. François Hollande a reçu le Premier ministre David Cameron à l’Élysée lundi. À l’issue de leur entretien, ce dernier a réitéré sa volonté d’intensifier la lutte contre l’État islamique. Il présentera jeudi, au Parlement britannique, son plan pour étendre les raids en Syrie.
À son retour de Washington, François Hollande s’entretiendra avec la chancelière allemande Angela Merkel, mercredi à Paris, et avec le président russe Vladimir Poutine, jeudi à Moscou. Il recevra le Premier ministre chinois Xi Jinping dimanche. La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé “toutes les mesures nécessaires” pour lutter contre l’EI.
Depuis les attentats de Paris, les plus meurtriers que la France a connus, et celui contre un avion russe en Égypte, qui a fait 224 morts – également revendiqué par l’EI, les grandes puissances tentent de se mettre d’accord sur une transition politique en Syrie. Le conflit a fait plus de 250.000 morts en plus de 4 ans. À cet égard, le secrétaire d’État américain John Kerry est en visite aux Émirats Arabes Unis, pour discuter de la constitution d’une liste d’opposants syriens acceptables par les différentes parties, en vue d’éventuels pourparlers de paix avec le régime de Damas.
Si Paris a rejoint, après les attentats, l’idée russe exprimée dès septembre d’une coalition unique, la méfiance demeure sur les objectifs de Moscou, accusé de soutenir avant tout Bachar al-Assad. Réunis à Vienne mi-novembre, une vingtaine de pays dont la Russie, les États-Unis, l’Iran et des pays arabes et européens se sont fixés comme objectif de parvenir à des pourparlers de paix et à un cessez-le-feu avant le 1er janvier. Mais les participants syriens aux négociations restent à identifier. La communauté internationale parie sur la possibilité de réunir une coalition dominée par des opposants “modérés”, qui serait capable d’engager des négociations de paix avec les loyalistes du régime, pour parvenir à une solution politique en Syrie.
Le président français, qui effectue son premier déplacement depuis les attentats du 13 novembre, rencontrera jeudi à Moscou son homologue Vladimir Poutine pour renforcer la coordination entre tous les acteurs impliqués dans la lutte contre l’EI, et tenter sur un plan politique d’aller au-delà des divergences sur la Syrie, où Paris et Washington demandent le départ de Bachar al-Assad, alors que Moscou le soutient.