Etats-Unis: paillettes et discipline pour la dernière semaine de campagne présidentielle.
Les sondages se sont encore resserrés cette semaine, Trump s’est montré enfin discipliné et tous les poids lourds démocrates sont montés au créneau pour Clinton, dans une frénésie finale de meetings tous azimuts dans les Etats-clés.
Le rideau tombera mardi sur une campagne de près de deux ans à la brutalité sans précédent, qui a écoeuré 82% des Américains.
Voici le résumé express de cette dernière semaine avant l’élection du 8 novembre:
- Resserrement des sondages
Grande favorite il y a encore 15 jours, la démocrate Hillary Clinton a vu son avance se réduire à la fois dans les Etats-clés et au niveau national. Elle est passée de 7 points d’avance le 18 octobre à 2,4 points au niveau national, selon la moyenne Real Clear politics (RCP): 45,1% contre 42,7% pour le républicain Donald Trump vendredi.
Les deux adversaires sont au coude-à-coude dans plusieurs Etats-clés dont la Floride et la Caroline du Nord. Trump a grignoté une partie de son retard dans plusieurs autres, selon la moyenne RCP.
Clinton et Trump, tous les deux très impopulaires, ont multiplié les appels à aller voter, les démocrates étant notamment inquiets d’une plus faible participation des Noirs, moins motivés que pour Barack Obama en 2008 et 2012.
- Trump se parle à lui-même
Après une campagne marquée par les insultes et les dérapages incontrôlés d’un ego surdimensionné, Donald Trump, 70 ans, semble avoir enfin découvert les vertus de la discipline.
“Gentil et calme. N’est-ce-pas? Reste concentré, Donald, reste concentré. Pas de digressions Donald, pas d’excès”, s’est-il dit à lui-même à voix haute mercredi soir lors d’un rassemblement.
Il a largement exploité l’annonce par le FBI de la découverte de nouveaux emails, qui pourraient relancer l’enquête sur le serveur privé utilisé par Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’Etat.
Une épée de Damoclès pour Mme Clinton, sans incidence notable sur les sondages mais qui permet à Donald Trump de brandir la menace d’une “crise constitutionnelle” si son adversaire est élue. En se présentant comme le chevalier blanc d’un indispensable changement.
- Poids lourds et paillettes
Le président Barack Obama, le vice-président Joe Biden, l’ancien président Bill Clinton, le sénateur Bernie Sanders, la sénatrice Elizabeth Warren et Chelsea Clinton, ont tous été mobilisés cette semaine sur le terrain, dans un ultime effort pour mobiliser les électeurs démocrates dans les Etats-clés. Des bus étaient parfois affrétés pour les conduire jusqu’aux bureaux de vote anticipé.
Hillary Clinton, 69 ans, a poursuivi ses attaques contre Donald Trump, selon elle complètement incapable de diriger le pays. Elle a aussi joué les paillettes, avec des stars pour essayer de mobiliser les jeunes et les minorités. Pharrell Williams jeudi soir en Caroline du Nord, Jay Z et Beyoncé vendredi soir dans l’Ohio, Katy Perry annoncée samedi en Floride.
Pour son dernier meeting lundi soir, Mme Clinton sera accompagnée du couple Obama, de son mari et de leur fille.
- Melania, le retour
Melania Trump a tenu son premier discours de campagne en solo. “Nous devons trouver une meilleure façon de nous parler, d’être en désaccord, de nous respecter”, a-t-elle déclaré, visiblement intimidée, en dénonçant notamment le harcèlement sur internet. Un contraste saisissant avec les diatribes de son mari et ses tweets volontiers insultants dont s’est moqué vendredi Bill Clinton.
“Je ne me suis jamais senti aussi mal pour quelqu’un de ma vie que quand j’ai entendu sa femme dire dans un discours +c’est terrible, le harcèlement sur internet+. Je me suis dit, oui, surtout quand c’est fait à 03H00 du matin contre une ancienne Miss Univers par un type qui veut être président”, a-t-il ironisé à propos d’une célèbre salve de tweets de Donald Trump.
- Discours en espagnol
Le colistier de Mme Clinton, Tim Kaine, a fait une petite entrée dans l’Histoire, en prononçant un discours entièrement en espagnol dans l’Arizona, Etat-clé frontalier du Mexique, où Mme Clinton est distancée par Donald Trump.
Son thème? La richesse de l’immigration. C’était la première fois que dans un meeting de campagne présidentielle un discours était entièrement en espagnol, selon l’entourage de Mme Clinton.
M. Kaine avait appris l’espagnol en 1980 au Honduras, lors d’une année passée avec des missionnaires jésuites.
“No hablo español perfectamente” (je ne parle pas parfaitement l’espagnol), a-t-il déclaré modestement.
“Well, Señor Kaine, hablaste español muy bien” (Monsieur Kaine, tu parles très bien l’espagnol), a titré le lendemain le New York Times.