Manuel Valls a dénoncé mardi les propos “pas sérieux” et “pas responsable(s)” de Nicolas Sarkozy, qui a estimé dans un entretien au Parisien qu’il n’y avait “plus d’autorité de l’Etat en France”.
“Dire qu’il n’y a pas d’autorité de l’Etat quand soi-même on a affaibli pendant des années l’Etat, en supprimant 13.000 postes de policiers et de gendarmes, en baissant les moyens du ministère de l’Intérieur – c’est-à-dire des forces de l’ordre -, en supprimant des centaines de postes de magistrats… Dire qu’il n’y a plus d’autorité de l’Etat quand soi-même, tous les jours, on remet en cause l’indépendance de la justice, ça n’est pas sérieux et surtout pas responsable”, a déclaré le Premier ministre en arrivant à l’Assemblée nationale.
“L’autorité de l’Etat est assurée pour lutter contre la délinquance, qui baisse, pour lutter contre les trafics de drogue, pour combattre bien évidemment le terrorisme. C’est une question trop sérieuse pour se livrer à des polémiques”, a dit M. Valls avant la réunion hebdomadaire des députés socialistes.
“Je sais qu’il y a des échéances, des élections régionales, l’élection présidentielle, la préparation des primaires dans l’opposition. Mais toutes ces échéances méritent du sérieux, de la responsabilité, de la hauteur de vue, et de l’unité et du rassemblement”, a-t-il poursuivi.
“Diviser uniquement à des fins intérieures n’a aucun sens”, a critiqué le Premier ministre à l’adresse de l’ex-chef de l’Etat, appelant les responsables de l’opposition à “de la retenue et à de la responsabilité”.
“Face aux défis du pays (…
il faut être au niveau et ne pas se livrer à ces approximations, à des propositions qui ne sont pas sérieuses et à des critiques qui ne sont pas entendables”, a-t-il conclu.
Dans son interview, Nicolas Sarkozy estime qu'”il n’y a plus d’autorité de l’Etat”, citant l’exemple de la mise en échec mercredi d’une opération policière franco-allemande à Tarnac (Corrèze).
Manuel Valls est revenu à la charge dans l’après-midi à l’Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, en ciblant plusieurs personnalités de l’opposition, les accusant d'”affaiblir l’autorité de l’Etat”.
“Quand on est un responsable politique, remettre systématiquement en cause le travail des forces de l’ordre, le travail des préfets, l’action de la justice, c’est tout cela qui affaiblit l’autorité de l’Etat”, a souligné le Premier ministre.
“Quand un candidat à la primaire cède à la plus grande démagogie et accuse le chef de l’Etat d’instrumentaliser la dramatique situation de Calais pour faire le jeu du FN, (…
quand l’opposition n’a de cesse de remettre en cause la garde des Sceaux en instrumentalisant les chiffres de la délinquance et de la population carcérale, quand un ancien président de la République estime qu’il n’y a plus d’autorité de l’Etat (…
comment voulez-vous que les Français aient confiance dans la justice, dans les forces de l’ordre, confiance dans la République?”, a ajouté Manuel Valls.
“Quand on est dans l’opposition, quand on a gouverné et quand on aspire à gouverner, on a un autre comportement digne de la situation que connaît le pays”, a-t-il encore lancé.