L’ASM Clermont Auvergne, pour la troisième année consécutive, sera au rendez-vous du dernier carré de la H Cup. Une qualification que les joueurs de Vern Cotter ont su décrocher samedi au prix d’une 75e victoire dans leur antre de Marcel-Michelin, acquise aux dépens des Tigres de Leicester (22-16). Rougerie et les siens se déplaceront pour affronter l’Ulster ou les Saracens en demi-finale.
“S’il y a un club qui ressemble à Clermont, c’est bien celui-là.” Benjamin Kayser, en ex-joueur des Tigers, sait de quoi il parle quand il évoque son ancien club. Un géant d’Angleterre, aux dix titres nationaux et aux deux Coupes d’Europe, que même les 74 victoires de rang de Clermont sur sa pelouse ne suffisent pas intimider à l’heure de venir défier les Auvergnats dans leur citadelle de Marcel-Michelin. Et le premier quart d’heure de ce mano a mano majuscule tient logiquement lieu de round d’observation entre ces deux ogres européens. Les deux équipes se jaugent dans le blanc des yeux et à ce défi autant mental que physique, c’est l’ASM qui inflige le premier crochet à la face. Wesley Fofana a déjà percé plein axe pour mettre ses adversaires à la faute et offrir les premiers points à son buteur Morgan Parra (3-0, 15e). Le trois-quarts centre international est encore à la manœuvre pour bonifier le côté fermé de son capitaine Aurélien Rougerie avec cette passe sur un pas pour bénéficier de la remise intérieur de son pilier Davit Zirakashvili et planter le premier essai (10-0, 23e).
Clermont a mis la main sur ce match et appuie son effort quand Leicester paye son attentisme. Damien Chouly fait des merveilles au sol et cible le jeune ouvreur gallois Owen Williams, pris et sanctionné. La pénalité de Parra creuse le score (13-0, 26e), là où Williams (22 ans), un peu tendre, rate la cible (29e). L’ASM est dans l’avancée permanente et toute la famille clermontoise vient mourir sur la ligne d’en-but anglaise (32e). Une domination récompensée par un nouveau coup de pied gagnant de Parra (16-0, 35e). Une première mi-temps proche de la perfection si ce n’était cet oubli : le jeune Williams n’a pas relégué pour rien le futur Toulousain Toby Flood sur le banc, et sa transversale au pied est parfaite pour envoyer son n°8 Jordan Crane à l’essai, suite à une remise de son ailier Blaine Scully (16-7, 38e). Le dernier mot revient à Parra juste avant la pause pour un solide écart à mi-parcours (19-7, 40e).
L’équipe de Vern Cotter a fait le plus dur, à condition de savoir ne pas relâcher son étreinte. Mais la seconde période, loin du copié-collé espéré, inverse les rôles. Clermont tombe dans l’attentisme, Leicester sort de sa léthargie pour de bon. “La grosse bête” décrite cette semaine par Kayser se met en branle. Et Williams enfile un costume de chef d’orchestre à sa taille pour exploiter les nombreuses fautes d’un adversaire soudain mis sous l’éteignoir : trois pénalités (44e, 52e, 61e), dont un coup de pied monumental à plus de 50 mètres, qui permettent aux champions d’Angleterre de revenir à trois longueurs des locaux (19-16). Le poteau trouvé dans le même temps par Parra (46e) et l’échec de Brock James à longue distance (59e) ne font qu’accentuer l’inquiétude du public de Marcel-Michelin en apnée depuis la reprise. Une tendance irrésistible que le carton jaune suicidaire, mais tout à fait logique, de l’Anglais Thomas Waldrom pour une faute grossière deux minutes seulement après son entrée en jeu coupe net (65e). La pénalité de Parra qui s’en suit est une bénédiction pour l’ASM (22-16, 66e). Au bout d’un dernier quart d’heure de jeu irrespirable, c’est arc-bouté sur sa ligne d’en-but que Clermont défend son maigre avantage et, sur un ultime hors-jeu, met enfin les Tigres en cage. Une 75e victoire à domicile acquise au bout du suspense, mais méritée et synonyme surtout de troisième demi-finale en trois ans : contrat rempli !