Allemagne: la ministre de la Défense met en garde les Etats-Unis contre tout discours pouvant menacer la cohésion de l’UE
L’Allemagne a appelé les Etats-Unis à ne pas menacer la cohésion européenne et à se méfier de la Russie, après un G20 où les Occidentaux ont tenté de se rassurer sur les intentions de Donald Trump.
A Munich, où se tient une réunion annuelle du gratin diplomatico-militaire mondial, la ministre allemande de la Défense, Ursula van der Leyen, a fermement répondu aux nombreux propos du président américain semblant dénigrer la relation transatlantique.
Ses déclarations interviennent à la veille d’un discours attendu, toujours à Munich, du vice-président Mike Pence sur le sujet et en pleine tournée européenne de hauts responsables américains.
“Nos amis américains savent que leur ton vis-à-vis de l’Europe et de l’Otan a un effet direct sur la cohésion de l’Europe. Une UE stable est dans l’intérêt américain”, a dit la ministre, alors que le président américain s’est par le passé réjoui de la crise déclenchée par le Brexit et a qualifié l’Alliance atlantique d'”obsolète”.
Tout en admettant que l’Europe devait faire plus au sein de l’Otan pour assurer sa sécurité, une revendication américaine, elle a aussi demandé à Washington de ne pas traiter Moscou et l’Europe sur un pied d’égalité, alors que M. Trump, juste avant sa prise de fonction, louait Vladimir Poutine et attaquait Angela Merkel.
“Il ne peut y avoir d’équidistance entre la confiance accordée à un allié et envers ceux qui remettent en question nos valeurs, nos frontières et le droit international”, a-t-elle dit.
Mme Merkel, recevant le Premier ministre canadien Justin Trudeau à Berlin, a, elle, souligné que si l’Europe était le bénéficiaire de l’Alliance atlantique, “les Etats-Unis (aussi) ont développé leur puissance à travers l’Otan”.
Dans une autre mise en garde, Mme van der Leyen a insisté sur l’importance des valeurs occidentales, notamment le rejet de la torture, là aussi en référence à des propos de Donald Trump.
Et elle a martelé que la guerre contre le “terrorisme” ne pouvait devenir une guerre contre l’islam, alors que le décret migratoire controversé de Donald Trump a été largement perçu comme anti-musulman.
Ce discours, le secrétaire d’Etat à la Défense Jim Mattis, présent à Munich, a semblé bien l’accueillir, lui qui depuis sa prise de fonction en janvier s’est efforcé de désamorcer certains des propos les plus controversés de son chef.
- Positions traditionnelles -
Il a ainsi insisté sur l’importance de la relation transatlantique, “meilleur rempart contre l’instabilité et la violence” et appelé à “renforcer les partenariats”.
Déjà jeudi, lors d’une réunion des chefs de la diplomatie du G20 à Bonn, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a tenu des propos correspondant largement aux positions traditionnelles de son pays.
Il a ainsi tempéré les velléités de rapprochement avec Moscou, alors que le conseiller à la sécurité de Donald Trump vient de démissionner pour avoir menti sur ses liens avec Moscou.
Le secrétaire d’Etat a souligné que, dans la coopération avec la Russie, les Etats-Unis “défendront leurs intérêts et leurs valeurs, et ceux de leurs alliés”.
Sur le dossier syrien aussi, les Européens ont souligné que M. Tillerson soutenait les négociations de paix dans le cadre de l’ONU à Genève et s’opposait à coopération militaire avec Moscou.
Selon une source occidentale, M. Tillerson “a expliqué qu’il n’y aurait pas de coopération militaire avec les Russes tant qu’ils ne se distancieraient pas de la position de Damas” qui considère comme des “terroristes” tous les groupes armés de l’opposition.
“Nous avons vérifié ce matin que nous étions tous bien d’accord”, s’est félicité le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault.
Les pourparlers de Genève sur un règlement politique au conflit qui ravage la Syrie depuis six ans se sont tenus en 2016 sans avancées. Ils doivent reprendre le 23 février.
En parallèle, Moscou a pris la main diplomatique sur le dossier syrien suite à la défaite des rebelles à Alep et a engagé des tractations à Astana au Kazakhstan aux côtés de l’Iran et de la Turquie.
Le souci des Occidentaux est d’éviter le risque qu’elles ne remplacent celles sous l’égide de l’ONU.