Interrogée par France Bleu Besançon, Marine Le Pen a nié vendredi matin avoir reconnu les emplois fictifs du FN au Parlement européen.
“Il n’y a évidemment rien de fictif dans ce dossier”. Marine Le Pen était l’invitée vendredi 17 février de France Bleu Besançon. Elle réagit au rapport de l’Olaf, organisme anti-fraude de l’UE, dévoilé jeudi par Mediapart et Marianne. Celui-ci indique que la patronne du FN a reconnu devant les enquêteurs avoir salarié fictivement son garde du corps Thierry Légier comme assistant parlementaire pour “régulariser des salaires et charges” non réglés.
“Il n’y a évidemment rien de fictif”
C’est “un mensonge éhonté”, dénonce Marine Le Pen au micro de France Bleu. “Je n’ai jamais reconnu quoi que ce soit devant des enquêteurs que je n’ai jamais vus”, a lâché la candidate à l’élection présidentielle. “Il y a eu une régularisation comptable entre le Parlement européen et le tiers payant”, se justifie-t-elle. “Il n’y a évidemment rien de fictif, ni d’emploi fictif ni rien de tout cela dans ce dossier. J’ai d’ailleurs toutes les preuves que j’apporterai en temps nécessaire, que j’ai déjà transmises via l’Olaf. Mais l’Olaf n’est pas une structure indépendante, c’est un organisme de la Commission européenne. (… Imaginez bien que je ne suis pas dans les petits papiers de la Commission européenne”, accuse Marine Le Pen.
Un préjudice estimé à 340.000 euros
Selon le rapport de l’Olaf, transmis en juillet au président du Parlement européen, l’eurodéputée “a reconnu d’une part que les bulletins de salaire établis sur la période d’octobre à décembre 2011 pour un montant de 41.554 euros n’ont jamais été payés au bénéficiaire indiqué, Thierry Légier, et que d’autre part elle n’avait pas employé M. Légier pendant ces trois mois”. Le préjudice financier de l’UE est estimé à 340.000 euros.
Marine Le Pen aurait ainsi voulu “obtenir du Parlement la régularisation de dépenses de salaires et charges antérieures qui n’avaient pas été payées par ce dernier”, indiquent ces extraits. Thierry Légier “a travaillé quelques heures pendant quelques mois (… dans le cadre de mes activités parlementaires”, avait affirmé Marine Le Pen le 9 février sur France 2. Interrogée sur ces trois mois de contrat, elle a confirmé cette “régularisation”.
Faux contrats et manquements aux règles
Toujours selon ces extraits, “Mme Le Pen a fait employer par le Parlement européen Mme Catherine Griset sur un poste d’assistante parlementaire accréditée à Bruxelles alors qu’elle était son assistante personnelle au siège de son parti en France depuis décembre 2010″. Un assistant parlementaire accrédité doit être employé “sur l’un des trois lieux de travail” (Bruxelles, Strasbourg, Luxembourg) du Parlement européen, et est “tenu de résider” à proximité.
L’Olaf a indiqué, concernant Thierry Légier, que “l’enquête a révélé que la députée a produit un contrat de travail purement fictif concernant l’un de ses assistants”. Concernant Catherine Griset, celle-ci ne fournissait “en réalité pas d’assistance directe dans les locaux du Parlement européen à sa députée comme requis par les règles en vigueur, mais vivait dans les environs de Paris et exerçait une activité auprès du parti”, a-t-on indiqué de même source.
Le parquet de Paris a ouvert mi-décembre une information judiciaire pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé.