Mediapart révèle que le groupe UMP au Sénat a versé pendant douze ans plusieurs milliers d’euros à chacun de ses membres, sur des fonds pourtant prévus pour ses frais de fonctionnement.
Entre 2003 et 2014, il a fait bon être sénateur UMP. En particulier à la veille de Noël, lorsque le patron du groupe parlementaire distribuait de la main à la main à chacun de ses élus — plus de 140 — une enveloppe de 8 000 euros, rapporte Mediapart. Des «étrennes» d’un peu plus d’1 million d’euros par an, prises sur le budget du groupe destiné à ses frais de fonctionnement, à rémunérer des collaborateurs ou à organiser des événements. En aucun cas à arrondir les fins de mois des habitués du Palais du Luxembourg. Mais les comptes des groupes parlementaires n’étant pas publics, il était impossible de se rendre compte de la manœuvre, avant que le média en ligne ne la révèle.
Ainsi, en sus des 5 400 euros net mensuels de rémunération (sans compter les 6 000 euros de frais de mandat et les 7 500 euros destinés à payer des collaborateurs), chaque sénateur UMP touchait un «treizième mois» portant à 72 300 euros net les gains des élus. C’est d’ailleurs ce terme de «treizième mois» qui est utlisé par l’ancien boss des sénateurs UMP, Josselin de Rohan. «C’est un treizième mois comme dans les entreprises, assume-t-il. Vous n’allez pas me dire que ça ne se fait pas dans les entreprises !» Non, on ne le dira pas, mais on peut tout de même relever que le Sénat n’est pas une entreprise.
Autre justification apportée par l’ancien président de la région Bretagne : les sénateurs versaient 720 euros par mois au groupe (une somme abaissée en 2014 à 100 euros), ce qui constituait une sorte d’épargne que les élus récupéraient en fin d’année : «Leur treizième mois, ils le cotisaient eux-mêmes […]. Ça nous faisait de l’avance de trésorerie», a-t-il dit à Mediapart. Au-delà du fait que 720 multipliés par 12 donnent 8 640, et non 8 000, Mediapart écrit ne pas bien comprendre «l’intérêt de cette tuyauterie», et on doit admettre que nous non plus.