Avec le projet de loi Macron sur l’activité et la croissance, François Hollande joue une partition difficile.
C’est l’histoire d’un président sans cesse pris en étau entre Bruxelles et sa majorité. L’histoire d’un homme contraint et toujours soucieux d’avancer avec une prudence très politique. L’histoire d’un chef de l’Etat qui bat des records d’impopularité mais veut toujours croire en ses chances. Avec le projet de loi « sur l’activité et la croissance », « ultime grande réforme de nature économique » du quinquennat selon un de ses proches, François Hollande joue une partition difficile. Sur le fil du rasoir et au risque de ne contenter personne. « C’est son risque et il le sait », glisse l’un de ses visiteurs du soir.
Le locataire de l’Elysée a besoin de ce texte pour donner des gages à la Commission européenne et se poser en réformateur auprès de Français qui ne perçoivent pas, à mi-mandat, le « changement » qu’il leur avait promis pendant la campagne présidentielle. Les manifestations des professions libérales l’y aident. C’est aussi dans cet objectif que l’exécutif s’apprête à présenter, cette semaine, son « agenda des réformes » d’ici à la fin du quinquennat, qui devrait reprendre les éléments envoyés par Manuel Valls à Bruxelles il y a dix jours. François Hollande, que beaucoup – jusqu’au sein du gouvernement – disent « dans l’impasse », a aussi tout intérêt à « déverrouiller » l’économie. Car il a désespérément besoin de résultats, lui qui a conditionné sa candidature en 2017 à une baisse du chômage. Et il n’est pas certain que le pacte de responsabilité y suffise, alors qu’on estime qu’il faut huit à dix mois de recul du nombre de chômeurs pour que l’opinion y croie. « Si on ne va pas loin [sur la loi Macron], on ne se donnera pas les moyens de réussir », confiait récemment un haut responsable.
Pas de « tensions inutiles »
Sauf que François Hollande est sous contrainte et qu’il reste… François Hollande. Pas question pour lui d’ « allumer des incendies » ni même de créer « des tensions inutiles » au moment où il estime, selon un de ses proches, que « les choses redeviennent jouables ». Le chef de l’Etat voit dans la baisse des prix du pétrole, le niveau des taux d’intérêt et de l’euro les signes d’un changement de climat et donc des raisons d’espérer. « Il ne peut pas se permettre une fronde généralisée, surtout sur un texte qui ne va pas changer la donne économique », lâche la même source, jugeant que « s’il y allait à fond, il mettrait la France à feu et à sang ». La France, cela reste à voir. Mais les socialistes, vraisemblablement, tant le projet de loi Macron, bien qu’au départ avancé par Arnaud Montebourg, est taxé de « néolibéralisme » par nombre d’entre eux. François Hollande « doit apprécier l’équilibre à tenir pour avoir une majorité à l’Assemblée », insiste un autre de ses proches, selon lequel « il n’a pas à être masochiste » sur cette loi « à hauts risques » avant le congrès du PS.