Le Conseil de Paris va voter fin juin la multiplication par 5 du loyer du Jardin d’acclimatation. Cette politique d’optimisation du foncier doperait d’au moins 10 % les revenus d’exploitation.
La Mairie de Paris a trouvé dans la valorisation de son patrimoine et de son foncier l’une des dernières cartouches contre ses problèmes budgétaires. A la fin du mois, l’exécutif fera voter une délibération au Conseil de Paris sur le quintuplement du loyer du Jardin d’acclimatation. Cette délégation de service public actuellement confiée à LVMH (propriétaire des « Echos ») sera remise en jeu cette année au tarif annuel garanti de 2,5 millions d’euros. En début de mandat, deux contrats d’affichage publicitaire sur les chantiers étaient passés de 6,6 à 8,3 millions d’euros. Les redevances des abribus ont, elles, été multipliés par trois.
Quelques dizaines de millions d’euros
La mairie se justifie, analyses financières à l’appui, par l’existence de contrats de délégation exagérément favorables aux exploitants, car trop longs ou trop faibles. Un constat qui date du début de mandat de Bertrand Delanoë. La politique de remise en question des redevances ne date donc pas d’hier, encouragée par la Cour régionale des comptes dans un rapport de 2011. La renégociation d’une trentaine de « contrats » de plus de 500.000 euros par an entre 2008 et 2014 a permis de doper d’un tiers leurs revenus, à 89 millions d’euros.
Depuis un an, face au trou de 400 millions d’euros, la valorisation du sol parisien s’est intensifiée. « Tant qu’il n’y avait pas de problèmes financiers, la maximisation de ces recettes n’était pas la priorité, admet un conseiller d’Anne Hidalgo. Nous disposons aussi de nouveaux outils juridiques et l’obligation de mise en concurrence facilite les choses. » La mairie a donc bon espoir de parvenir à doper de quelques dizaines de millions d’euros les 300 millions de recettes actuelles.
Exploitation de la tour Eiffel
La plupart des redevances concernent de petits contrats régulièrement revalorisés : terrasses de bar, passage dans les égouts des réseaux télécoms, les pavillons Royal, Gabriel, etc. Mais d’autres redevances plus importantes feront l’objet de débats très suivis, comme la prochaine remise en question de l’exploitation de la tour Eiffel, qui porte sur une dizaine de millions d’euros. La mairie évoque aussi, sans précisions, certaines portions de foncier prestigieux et très faiblement monétisé au cœur de la capitale… Elle pourrait aussi innover en lançant d’ici à 2017 un appel d’offre groupé sur une dizaine de pavillons dans les bois parisiens notamment, histoire de diversifier leurs usages, au-delà de l’omniprésente restauration.
Cette politique de valorisation tous azimuts a le don d’irriter le conseiller de Paris Jérôme Dubus, (Les Républicains). « Ces coups de massue sur les entreprises interviennent au pire moment, alors qu’elles sont déjà fragilisées par la crise. » Il rappelle les nombreuses hausses de tarifs municipaux, comme ceux du stationnement, qui touchent aussi les entreprises.
La mairie relativise, elle, l’impact des nouvelles redevances, assurant que les candidats aux appels d’offre restent nombreux, preuve qu’ils demeurent attractifs.