Marine Le Pen veut supprimer les « subventions » au quotidien régional en cas de victoire du Front national à l’élection pour la région Nord-Pas de Calais-Picardie.
« Pourquoi une victoire du FN nous inquiète ». Avec cette Une lundi, « La Voix du Nord » n’a pas hésité à prendre parti ouvertement contre le parti de Marine Le Pen, alors que cette dernière caracole dans les sondages et semble plus que jamais en mesure d’emporter la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais Picardie . Dans une double page lundi, poursuivie d’une nouvelle double page dans l’édition de mardi, le grand média nordiste expose ses craintes, mettant en avant une démarche purement factuelle et non partisane.
Faisant référence à ses racines issues de la Résistance, le quotidien y égrène tour à tour des différences de valeurs, le manque d’expérience du FN pour diriger une collectivité de cette taille, une menace sur la solidarité nordiste, ou encore la tradition d’ouverture de la région, gros territoire d’investissements étrangers qui pourraient être tentés de s’implanter ailleurs. L’éditorial de Jean-Michel Bretonnier évoque quant à lui sans ambiguïté un parti « ferment de la division ».
Une hostilité qui ne date pas d’hier
Il y a quelques semaines, « La Voix du Nord » avait déjà dégainé une Une choc, reprenant sur fond noir une proposition polémique du FN : « dénoncer et éradiquer toute immigration bactérienne ». L’hostilité entre « La Voix du Nord » et le Front National ne date pas d’hier. Le 6 mai 2002, le groupe de presse s’était clairement prononcé pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.
Mais l’électorat n’était pas attendu comme aujourd’hui à 40% des voix pour le parti d’extrême droite, au risque d’un grand écart avec les lecteurs-électeurs. « C’est une dimension qu’on prend bien en compte. Mais on considère qu’on fait notre travail d’information, en aidant les électeurs de la région à bien comprendre ce qu’ils vont faire et à ne pas se contenter d’un vote de refus, de peur, et à bien en mesurer les conséquences », explique Jacques Hardoin, directeur général du groupe Rossel-La Voix .
Menace sur les subventions du groupe
Marine Le Pen a immédiatement réagi sur RTL en laissant entendre qu’elle supprimerait les subventions au groupe de média, évoquant la somme de 9 millions d’euros sur le dernier mandat apporté « par le conseil régional socialiste ». Il ne s’agit pas de subventions à proprement parler mais de sommes destinées à la coproduction de programmes sur la chaîne régionale Weo, détenue pour un tiers seulement par la Voix du Nord. Néanmoins, l’activité de la chaîne serait très compliquée sans ce soutien.
En outre, si Marine le Pen prenait la présidence régionale, elle pourrait plus directement couper les investissements publicitaires, soit environ 400 à 500 000 euros. « Mais sur un budget publicitaire annuel de 35 millions d’euros, ce n’est pas cela qui peut nous tenir le porte-plume », martèle Jacques Hardoin, qui souligne que « le conseil régional ne figure pas dans le top 15 de nos clients ».
En attendant, le soir des élections, la prise de position de la Voix fait un gros buzz, dans les médias classiques comme sur les réseaux sociaux. Le patron de la Voix dit ainsi avoir reçu 400 tweets dans la journée, dont 80% de soutien, les autres étant des messages d’insulte.