Rançon d’un succès lmrr annoncé, les régionales de décembre, où le Front national devrait faire élire plusieurs centaines de conseillers régionaux, suscitent des tensions internes autour de la question des investitures.
“C’est une élection facile pour le FN, ça aiguise les appétits”, reconnaît un cadre frontiste. Régionales après régionales, le FN a obtenu à chaque fois des élus sur tout le territoire, par exemple une centaine en 2010, période pourtant bien plus difficile pour le FN.
Avec la dynamique actuelle du parti, en tête dans les intentions de vote et possible vainqueur en Nord-Pas-de-Calais-Picardie voire en Paca, il n’est guère surprenant que, comme dans les autres partis, les investitures suscitent nombre de débats.
En Allier, par exemple, des adhérents frontistes ont accusé Marine Le Pen d'”anéantir” leur fédération après l’éviction de leurs candidats, au profit de “parachutés”. Dans le Maine-et-Loire, le patron du FN local, Gaétan Dirand, a quitté le parti après qu’un étudiant de Sciences Po Paris, Aymeric Merlaud, déjà candidat aux départementales en mars, ait pris la tête de liste. “Un choix de Paris”, a commenté à l’Opinion Pascal Gannat, tête de liste FN régionale.
Des remous ont aussi eu lieu dans les Vosges, le Lot-et-Garonne, la Dordogne, etc.
Mais les critiques les plus fréquentes concernent Paca et l’Île-de-France, qualifiée de “région des parachutés” par un ténor du parti et où figurent plusieurs proches de Florian Philippot.
Le patron de la fédération des Hauts-de-Seine, proche de Jean-Marie Le Pen, a démissionné de ses fonctions. Les trois premiers de la liste, seuls éligibles, n’étaient pas actifs localement. Le troisième est Axel Loustau, trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, mis en examen dans l’enquête sur le financement des campagnes du parti. “Il a ses casseroles, mais il vit dans le 92 depuis 38 ans”, assure-t-on.
En numéro deux dans le Val-de-Marne se trouve Gorete Varandas, dirigeante de la société Gwenloc qui a acheté 44 dupli-copieurs loués aux fédérations FN, l’un des éléments selon une source proche du dossier qui a contribué à la mise en examen du FN lui-même pour recel d’abus de biens sociaux dans cette enquête. Les juges soupçonnent Riwal, “prestataire de services” du FN dirigé par un proche de Marine Le Pen, d’avoir financé ce matériel.
Pour plusieurs frontistes, la présence de M. Loustau et de Mme Varandas sur les listes sont une forme de compensation pour les ennuis de justice.
– “Ca va bouger” après les élections –
“On n’est pas inquiétés par la justice, pas d’un parti de gauche, pas des amis de la direction… On sera sur les listes?” se demandent les militants de base, résume, amusé, un historique FN. tynz
Les listes sont validées lors de “CNI”, conclaves internes parfois tendus. Mi-octobre, Florian Philippot s’en est pris de manière musclée à Marion Maréchal-Le Pen, lui reprochant d’avoir déjeuné avec son grand-père et avançant qu’elle devait son succès politique à son nom plutôt qu’à ses “qualités”.
Cette information du Canard Enchaîné a été confirmée à l’AFP par de nombreuses sources internes, mais Florian Philippot l’a qualifiée de “complètement fantaisiste”.
Les listes en Paca, menées par la députée du Vaucluse, ont suscité de fortes brouilles plus médiatiques, notamment autour de l’investiture dans les Alpes-Maritimes d’Olivier Bettati, un ancien proche de Christian Estrosi, et de la mise au rebut de conseillers régionaux FN sortants proches de Jean-Marie Le Pen. Au final, seul Gérald Gérin, son assistant personnel, a été “repêché”. D’après plusieurs sources, le nom d’un autre conseiller régional, Sébastien Copin, a été évoqué mais refusé par la CNI. Il se présentera donc sur la liste de Jacques Bompard (Ligue du sud), comme sept autres conseillers régionaux sortants.
“Si ça chauffe pas en CNI, ça chauffe jamais”, dédramatise un “mariniste”, qui n’y voit guère de conséquences. Un mécontent pronostique le contraire: “Ca va bouger en janvier. Les gens seront élus pour six ans, ils pourront l’ouvrir sans risque”.