Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a dénoncé vendredi une “double erreur du Sénat” à majorité de droite, qui a hypothéqué jeudi la tenue d’un Congrès sur la révision constitutionnelle en réservant la déchéance de nationalité aux seuls binationaux.
Invité de Sud Radio et Public Sénat, M. Le Roux a dénoncé “une double erreur du Sénat. La première erreur, c’est de de ne pas chercher le consensus, de ne pas essayer de reproduire ce que nous avons fait à l’Assemblée nationale (avec) une majorité des 3/5e qui dépassait la gauche”.
“La deuxième erreur est de faire une différence entre les terroristes. Moi je ne veux pas faire de différence entre ceux qui tuent des Français. Qu’ils aient une ou deux nationalités, ils doivent se voir privés de la nationalité française. Et je ne comprend pas comment après une décision de justice qui condamnerait un terroriste on pourrait enlever la nationalité française aux binationaux et pas à ceux qui n’ont que celle-ci”, a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis.
“Ils ont pris une mauvaise décision, la balle est dans leur camp”. “Maintenant il faut avoir un débat clair avec les sénateurs, le président (du Sénat Gérard) Larcher, le président (du groupe LR Bruno) Retailleau. Savoir s’ils ne veulent pas bouger, auquel cas ça condamne la possibilité d’avoir un accord, ou s’ils acceptent une discussion”, a ajouté M. Le Roux.
Les sénateurs ont massivement approuvé l’inscription de l’état d’urgence dans la constitution. Ils ont en revanche réservé la déchéance de nationalité aux seuls binationaux. L’Assemblée avait élargi cette possibilité à tous les Français pour ne pas créer de discrimination.
Le Congrès peut-il avoir lieu sans la mesure sur la déchéance? “C’est au président de la République de le dire mais ma position c’est que la réforme constitutionnelle, c’est un tout”, a répondu M. Le Roux.
Le vote solennel du Sénat doit intervenir mardi. Depuis Bruxelles, le chef de l’Etat a déclaré vendredi qu’il réservait ses “conclusions” jusqu’à ce vote.