Tout à sa préparation de la primaire de 2016, l’ancien chef de l’Etat ne lésine pas pour se faire des alliés. Quitte à marginaliser le patron de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde.
Laborieusement, Nicolas Sarkozy progresse vers un accord avec les centristes de l’UDI. Pour lui, la question est cruciale. Après avoir échoué à rallier sous la bannière de son parti Les Républicains (LR) l’ensemble des forces engagées dans la préparation de l’alternance, il veut au minimum avoir l’assurance qu’elles participeront à la primaire qui désignera, en novembre 2016, le candidat commun de la droite et du centre. Il espère ainsi pouvoir contourner Alain Juppé et François Bayrou, deux de ses principaux obstacles sur le chemin de l’Elysée.
Pour arracher cette garantie, Sarkozy semble disposé à se montrer particulièrement généreux dans la répartition des investitures aux élections régionales de décembre prochain. En début de semaine, il a reçu au siège du parti, rue de Vaugirard, les députés centristes qui briguent la tête des listes d’union LR-UDI dans leurs régions respectives : Hervé Morin — qui fut son ministre de la Défense — en Normandie, Philippe Vigier dans le Centre-Val-de-Loire et François Sauvadet en Bourgogne-Franche-Comté. Les trois élus ont promis de s’engager, dès l’automne prochain, dans le processus de la primaire. En négociant directement avec Sarkozy, ils défient l’autorité du chef de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, lequel refuse de se prononcer sur la primaire avant le printemps 2016.
Récompense
Morin et Vigier premiers ont obtenu une belle récompense : en cas de victoire, ils seront présidents de région et les listes qu’ils conduiront seront composées à 70% de LR et 30% d’UDI. Sorti «confiant» du bureau de Sarkozy, Sauvadet a bon espoir d’avoir droit au même traitement. Mais ce n’est pas gagné : son rival Alain Joyandet, sénateur LR de Haute-Saône, est en campagne depuis plusieurs mois. Sarkozyste historique, il assure que l’ancien chef de l’Etat l’encourage dans sa campagne et l’assure de son soutien.
Mais chez Les Républicains, on ne se fait guère d’illusion. Joyandet sera sacrifié si cela permet à Sarkozy de se poser en grand conciliateur de la droite et du centre. Avec trois grandes régions gagnables, le centre serait très bien servi, bien au-delà de son poids politique. Mais à ce prix-là, Sarkozy espère pouvoir s’offrir le brevet de rassembleur après lequel il court désespérément depuis son retour.