Si de nombreux ténors de l’ex-UMP approuvent le principe du prélèvement à la source, ils restent vigilants sur les modalités.
Sur le principe, elle est pour. Le prélèvement à la source est une mesure que la droite a elle-même défendu lorsqu’elle était aux affaires sans réussir à le mettre en place. Difficile donc pour les ténors des Républicains de s’y opposer sans être accusés d’opposition systématique. La plupart y sont ouvertement favorables. Mais tous mettent en garde sur les modalités de mise en œuvre et sur le fait que ce ne soit pas une première étape vers la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG.
Seuls quelques-uns, comme Gilles Carrez, dénoncent sans nuance la réforme. « J’appelle mes collègues de l’opposition à ne surtout pas cautionner cette idée, lance le président de la commission des Finances de l’Assemblée. Pour le gouvernement, le prélèvement à la source n’a de sens que dans l’optique d’engager par la suite une fusion de l’impôt sur le revenu avec la CSG. » Un grand soir fiscal dont la droite ne veut à aucun prix car synonyme d’alourdissement de la fiscalité pour nombre de ménages.
Vigilance sur le quotient familial
« Ce seront encore une fois les classes moyennes qui seront les plus touchées par l’augmentation d’impôt qui en résultera forcément du fait de la CSG qui deviendrait progressive comme l’IR », dénonce l’ancien ministre Hervé Gaymard, chargé du programme économique d’Alain Juppé. Le député de Savoie, qui n’est pas opposé a priori au prélèvement à la source, appelle aussi à la vigilance sur le quotient familial. « Certes, d’autres pays ont mis en place ce prélèvement, mais le quotient familial n’existe pas chez eux. » Sur ce point, le gouvernement s’est empressé d’assurer mercredi qu’il n’y aurait aucune remise en cause.
Le fait que la mise en application soit prévue pour 2018 crispe aussi à droite. « C’est surtout une façon de détourner l’attention, d’élever un écran de fumée, estime l’ancien Premier ministre, François Fillon. Le cœur du problème, c’est le niveau trop élevé de notre fiscalité sur les entreprises et les ménages. »
« Une usine à gaz »
Plus radical, Xavier Bertrand refuse catégoriquement une réforme qui créerait « une usine à gaz ». « La charge de travail ne sera plus pour le fisc – qui ne diminuera pas ses effectifs pour autant – mais pour les employeurs », dénonce l’ancien ministre du Travail. Qui pointe aussi le problème de confidentialité : « Est-ce qu’on a envie que son employeur sache quelle est la tranche d’imposition, si on verse des pensions ou pas ? »
« Il n’est pas question que quiconque, hormis l’administration fiscale, détienne des informations sur la situation du ménage, a rétorqué mercredi Michel Sapin dans « Le Figaro ». Il serait étrange que seule la France soit incapable de trouver des solutions à ces questions alors que pratiquement tous les pays qui l’ont mis en place ont résolu ces difficultés. »