La gauche n’aura été majoritaire que trois ans au Sénat: la droite reprend la main après les élections de ce dimanche. Quelles conséquences pour la Chambre haute et son fonctionnement… mais aussi pour François Hollande et le gouvernement?
C’était attendu, c’est désormais officiel: le Sénat bascule à droite, après les élections de ce dimanche. Le président de la Chambre haute, deuxième personnage de l’Etat, sera donc, sauf énorme surprise, l’un de ces trois hommes de droite: Philippe Marini, Jean-Pierre Raffarin ou Gérard Larcher. Les derniers calculs dimanche soir donnaient une quinzaine de voix d’avance à la droite sur les socialistes et ses alliés. Quel sera l’impact de cette nouvelle majorité au palais du Luxembourg? Une défaite attendue et symbolique pour la gauche…
“Les municipales sont le premier tour des sénatoriales”, a-t-on pour coutume de dire à la Haute Assemblée. Si les élections municipales sont si déterminantes, c’est que les sénateurs sont élus au suffrage indirect par un collège de grands électeurs dont 95% sont issus des nouveaux conseils municipaux. Ce qui explique aussi l’entrée fracassante du FN au Sénat, avex deux nouveaux élus, Stéphane Ravier et David Rachline.
Plutôt qu’une bascule à droite, il vaudrait mieux parler de retour de balancier, d’ailleurs. Si le Sénat a connu un basculement historique, ce n’est pas ce dimanche… mais en 2011. Avec six sièges d’avance, la gauche a ravi la Chambre haute à la droite il y a 3 ans, pour la toute première fois depuis le début de la Ve République. Un homme de gauche, le socialiste Jean-Pierre Bel, accède alors au “plateau”. Du jamais vu de courte durée, sous les ors du palais du Luxembourg.
… qui a l’avantage de clarifier la situation politique
La nouvelle composition du Sénat clarifie finalement les choses pour François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls. Depuis 2011, la gauche était certes majoritaire mais le groupe PS (128 élus), moins fourni que celui de l’UMP (130 élus) devait compter sur ses partenaires de gauche (communistes, radicaux et écologistes) pour passer la barre de la majorité absolue au Sénat.
Mais ces partenaires ont souvent joué les rebelles, conscients de leur pouvoir de blocage, sur des textes pourtant cruciaux comme le budget ou le non-cumul des mandats. Cette fois, au moins, si de nouveaux textes sont rejetés par le Sénat, ce ne sera plus de leur fait: ils sont minoritaires! Pour l’exécutif, c’est finalement bien plus simple à gérer, sur le plan politique et médiatique.