Libération devra trouver trois millions d’euros supplémentaires par an pour revenir à l’équilibre après les 93 suppressions d’emplois prévues par la direction, ce qui est “tout fait jouable” , à déclaré mercredi à l’AFP son directeur Laurent Joffrin.
La direction a mis en place une clause de cession et un plan de départs volontaires : le nombre de candidats au départ étant de plus de 90, il devrait y avoir au final très peu de licenciements, selon M. Joffrin.
La rédaction reviendra ainsi à 130 titulaires de cartes de presse (dont une centaine de journalistes “écrivant”
et un total de 180 salariés, contre 180 cartes de presse environ actuellement sur près de 250 salariés. Libération retrouvera des effectifs proches de ceux d’il y a 7 ans, a-t-il dit.
Comme les candidats au départ peuvent encore changer d’avis pendant deux mois, le décompte définitif ne sera connu qu’à Noël. Libération envisage ensuite de réembaucher une quinzaine de personnes, sur de nouvelles compétences.
Les suppressions d’emplois, annoncées après le rachat et le renflouement de Libération par de nouveaux actionnaires cet été, fera économiser 5 à 6 millions d’euros en masse salariale par an, alors que le journal accuse depuis deux ans un déficit annuel d’environ 9 millions, sur un chiffre d’affaires de quelque 40 millions.
Il lui restera donc trois millions par an à trouver, grâce à de nouvelles ressources, a souligné M. Joffrin : redémarrage des forums, hausse de la publicité, partenariat avec des sites affiliés (sur les loisirs, l’immobilier…
ou encore développement de la partie payante du site.
Libé avait été boycotté par une bonne partie des annonceurs du luxe depuis sa Une “Casse-toi riche con” en septembre 2012.
Libération va par ailleurs réorganiser sa rédaction en six services, qui écriront aussi bien pour le web que pour l’imprimé: “Pouvoir”; “Planète”, “Futur”, “Culture”, “Idées” et “Mode de vie”. Seront aussi développées la vidéo et de nouvelles formes de récits multimédia.
Le nouveau directeur attend de ces départs un renouvellement de génération, “avec un amalgame entre vétérans et nouveaux, comme pour les soldats de l’an II”.
Comme ligne éditoriale, Libération devra être, selon lui, “le journal de toute la gauche, en mettant les débats sur la table, de manière pluraliste” et “chercher à raconter l’avenir”. “Avant, Libération avait pour but d’aider à libérer la société, maintenant se pose aussi la question des règles de vie en commun”, a-t-il lancé.
Lors de son précédent passage comme patron de Libération en 2007, Laurent Joffrin avait déjà mené un plan de départs d’une soixantaine de personnes.